Neurone
neurone, cellule nerveuse ayant la propriété de
produire, puis de conduire les signaux électriques de l’influx nerveux. Les
neurones sont les unités fondamentales du système nerveux. Ce dernier est en
effet constitué de deux types cellulaires principaux, les neurones et les
cellules gliales, qui sont les cellules nourricières des neurones. Dans le
système nerveux périphérique, les axones des neurones s'assemblent en faisceaux
pour former les nerfs.
Les neurones transmettent les informations qui
partent du système nerveux central (cerveau et moelle épinière), ou qui y
arrivent depuis le système nerveux périphérique. Ainsi, les neurones sensitifs
transmettent au système nerveux central les informations en provenance des cinq
sens, tandis que les neurones effecteurs transmettent l’influx nerveux en
provenance du cerveau aux cellules effectrices. Les neurones qui innervent les
muscles sont appelés neurones moteurs (ou motoneurones).
Si tous n'ont pas la même allure, les neurones, unités
fondamentales du système nerveux, présentent une architecture commune. Ainsi,
une cellule nerveuse comprend toujours un corps cellulaire, un axone, long
prolongement fibreux, et un ou plusieurs dendrites, prolongements plus courts et
plus fins.Microscopie de neurones en culture mis en valeur par
immunofluorescence (on fait réagir les neurones avec des anticorps spécifiques
liés à des substances fluorescentes). La coloration fait ressortir les
prolongements cellulaires (axones et dendrites) — les courts en vert, les longs
en rose —, et les noyaux cellulaires des neurones et des cellules non neuronales
(en bleu). Ces neurones ont été cultivés à partir de cellules indifférenciées de
tératocarcinome humain (une lignée de cellules capables de se différencier en
cellules nerveuses).
Les neurones existent sous des formes variées
mais présentent une architecture commune qui se compose de trois régions
principales : le corps cellulaire (qui renferme le noyau), les dendrites
(prolongements arborescents du corps cellulaire, relativement courts) et l'axone
(prolongement long et fibreux). Les dendrites ont pour fonction de transmettre
au corps cellulaire les influx nerveux en provenance d’autres cellules, tandis
que les axones transportent les influx en provenance du corps cellulaire vers
d’autres cellules. La longueur d'un axone est très variable ; elle peut
atteindre 1 m chez l'homme et près de 10 m chez la girafe.
Les axones de certains neurones sont entourés
d’une gaine de myéline, principalement constituée de phospholipides (voir
lipides). Dans le cas des neurones du systèmes nerveux périphérique, la
myéline est produite par des cellules gliales spécialisées, les cellules de
Schwann (qui enroulent leur cytoplasme plusieurs fois autour de l’axone, jusqu’à
former une gaine). Ces dernières sont séparées entre elles par des zones
appelées nœuds de Ranvier (petites portions d’axone non myélinisées). Les axones
myélinisés conduisent l'influx nerveux à une vitesse plus grande que les axones
non myélinisés. Dans le système nerveux central, la myéline est produite par
d’autres cellules gliales, appelées oligodendrocytes.
Le nombre de dendrites et d’axones varie en
fonction du type de neurone concerné. Ainsi, les neurones du cerveau possèdent
un réseau très important de dendrites, qui interagissent avec plusieurs
centaines d'autres neurones. Les neurones moteurs possèdent le plus souvent deux
axones.
Fonctionnement d'une synapse chimique
Les synapses constituent les zones de jonction entre
deux neurones ou entre un neurone et une cellule effectrice (cellule musculaire
par exemple), et permettent la transmission d'une information de l'un à
l'autre.Dans une synapse chimique, l'extrémité de l'axone du neurone
présynaptique contient des vésicules (petits organites entourés d'une membrane)
remplies de neuromédiateurs. L'arrivée d'un influx nerveux (potentiel d'action)
provoque la migration des vésicules et leur fusion avec la membrane du neurone.
Cette fusion permet la libération des molécules de neuromédiateurs dans l'espace
synaptique. Ces molécules vont ensuite se fixer sur les récepteurs membranaires
spécifiques de la cellule post-synaptique, ce qui déclenche chez cette dernière
une réponse appropriée (nouvel influx nerveux s'il s'agit d'un neurone,
contraction s'il s'agit d'une cellule musculaire, etc.).L'activité des
neuromédiateurs est limitée dans le temps, notamment grâce au processus de
recapture par le neurone présynaptique, qui stocke à nouveau les molécules dans
des vésicules.
L'axone des neurones est spécialisé dans la
conduction de l'influx nerveux, ou potentiel d'action. À son extrémité, il
transmet ce dernier à une autre cellule — soit un neurone, soit une cellule
effectrice (musculaire par exemple) — via une zone de contact appelée synapse.
La synapse peut être chimique (la transmission de l’information se fait alors
par l’intermédiaire de molécules chimiques appelées neuromédiateurs ou
neurotransmetteurs), ou électrique (passage d’une impulsion électrique).
Cette synapse représente la jonction entre deux neurones
d'un cerveau humain. La cellule du haut représente le neurone postsynaptique,
celle du bas le neurone présynaptique. Sur cette photographie, l'influx nerveux
se propage donc, par l'intermédiaire de vésicules remplies de molécules
chimiques (les neuromédiateurs), du bas vers le haut.Microscopie électronique,
fausses couleurs.
Les membranes des neurones,
ainsi que celles des cellules musculaires, sont excitables. Au repos,
c’est-à-dire en dehors de la transmission de tout influx
nerveux, la membrane du neurone est dite polarisée : il
existe une différence de potentiel de 0,70 V entre ses
faces interne et externe. Le passage de l’influx nerveux est
caractérisé par une dépolarisation de la membrane
(en fait, une inversion de sa polarité), liée à
des mouvements d’ions au travers de canaux membranaires
spécialisés (les canaux sodium, potassium et calcium).
Cette dépolarisation se propage de proche en proche sur la
membrane du neurone, puis tout le long de l’axone. Dans le cas
d’axones myélinisés, l’influx nerveux (ou
potentiel d’action) « saute » d’un
nœud de Ranvier à l’autre (la myéline est un
très bon isolant électrique). C’est la conduction
saltatoire.
Après le passage du potentiel d’action, la
membrane du neurone est repolarisée (le processus complet dure moins d’un
millième de seconde). Le potentiel de repos est rétabli après un temps très bref
appelé période réfractaire, à la suite de laquelle la membrane est à nouveau
prête à transmettre un potentiel d’action.
Les substances qualifiées de neurotoxines sont
des poisons du système nerveux qui affectent la transmission de l'influx
nerveux. Citons, par exemple, le curare, qui paralyse le système respiratoire,
ou la toxine botulinique (synthétisée par les bactéries du genre
Clostridium, responsables du botulisme), qui bloque la transmission de
l’influx ou niveau du système nerveux central, et peut être mortelle à très
faibles doses, de l'ordre de 50 nanogrammes.
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