Génétique
génétique, étude de la transmission des gènes des
parents à leur descendance, et de leur expression, c’est-à-dire de l’apparition
de caractéristiques physiques, biochimiques et parfois comportementales données
(voir hérédité).
Les généticiens déterminent
les mécanismes et les lois de transmission
héréditaire par lesquels les descendants obtenus par
reproduction sexuée ressemblent, plus ou moins, à leurs
parents. La génétique étudie également la
fréquence des gènes et de leurs associations dans les
populations biologiques (génétique des populations). La
génétique a conduit aux découvertes les plus
importantes de la biologie moderne. Aujourd’hui, les
généticiens peuvent implanter dans des organismes qui en
sont dépourvus des gènes
« intéressants », comme la
résistance à un virus, au froid, ou la capacité
à synthétiser une hormone ou une molécule
curative : c’est le génie génétique.
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APPARITION DE LA
GÉNÉTIQUE |
Gregor Mendel
Prêtre et botaniste
autrichien, Gregor Mendel a établi ce que l'on appelle
aujourd'hui les « lois de Mendel », principes
fondateurs de la génétique. Ses travaux, publiés
en 1863, sont passés inaperçus à l'époque
et ne sont redécouverts qu'en 1900.
Le terme génétique fut inventé, en 1906, par
le biologiste britannique William Bateson. C’est en effet au début du siècle que
naquit cette science, avec des chercheurs tels Hugo De Vries, Correns et
Bateson, qui redécouvrirent indépendamment, en 1900, les travaux du botaniste
autrichien Gregor Mendel. Bien que ces derniers aient été publiés en 1865, ils
avaient été pratiquement ignorés depuis. Mendel décrivait des modalités de
transmission sur des petits pois : sept paires de caractères distincts
apparaissaient dans différentes variétés de pois (comme l’aspect des graines,
lisse ou ridé). Il avait constaté que ces caractères étaient transmis par les
parents comme des unités séparées et que chacune d’elles était transmise
indépendamment des autres (voir Mendel, lois de). Les unités décrites par
Mendel furent plus tard appelées gènes.
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BASES PHYSIQUES DE L’HÉRÉDITÉ : LA
GÉNÉTIQUE MOLÉCULAIRE |
Peu après la redécouverte
des travaux de Mendel, W. S. Sutton et R. Boveri firent
le rapprochement entre les modes de transmission
héréditaire décrits par Mendel et le
déplacement des chromosomes au cours de la division cellulaire.
Les scientifiques supposèrent donc que les entités
d’hérédité mendéliennes, ou
gènes, étaient portées par les chromosomes. Cette
hypothèse déclencha des études intensives sur la
division cellulaire et la transmission des caractères. À
présent, on sait que chaque chromosome est constitué de
nombreux gènes, localisés en des sites précis,
appelés locus.
Cinquante ans après la naissance de la
génétique et l’explication des modes de transmission héréditaire par les gènes,
deux grandes questions restaient sans réponse : comment les chromosomes et leurs
gènes sont-ils reproduits d’une cellule à l’autre et comment contrôlent-ils la
structure et le comportement des êtres vivants ? Deux généticiens américains,
George Wells Beadle et Edward Lawrie Tatum, découvrirent le premier indice au
début des années 1940. Leurs études sur les champignons unicellulaires
Neurospora et Penicillium permirent de découvrir que les gènes
contrôlent la synthèse des enzymes, chacune étant produite par un gène
spécifique. Ces travaux furent le point de départ d’études sur la nature
chimique du gène.
On savait que les chromosomes sont
constitués de deux espèces chimiques, des protéines et des acides nucléiques.
Les protéines furent tout d’abord considérées comme la substance fondamentale
déterminant l’hérédité, mais, en 1944, le bactériologiste canadien Oswald
Theodore Avery démontra que le support matériel de l’hérédité est en fait
l’acide désoxyribonucléique (ADN). Pour cela, il isola l’ADN d’une souche de
bactéries et l’introduisit dans une autre souche. Cette dernière non seulement
acquit les caractéristiques de la première souche, mais les transmit aux
générations suivantes.
À cette époque, on savait également que
l’ADN est constitué d’unités appelées nucléotides. Chaque nucléotide contient un
phosphate, un sucre appelé désoxyribose et l’une des quatre bases azotées
suivantes : adénine (A), thymine (T), guanine (G) et cytosine (C). En 1953, les
généticiens James Watson et Francis Crick déterminèrent la structure spatiale,
en double hélice, de l’ADN. Cette découverte permit enfin de comprendre comment
l’ADN et l’information génétique sont répliqués lors des divisions
cellulaires.
En effet, l’ADN est composé de deux longs
brins formant une double hélice, semblable à une longue échelle en spirale. Pour
créer une réplique identique de la molécule d’ADN, les deux brins se déroulent,
puis se séparent au niveau des liaisons hydrogènes qui relient les bases en
vis-à-vis (les barreaux de l’échelle). Par l’action d’enzymes spécifiques, les
bases contenues dans le cytoplasme de la cellule s’associent alors aux bases
libres des deux brins pour former deux nouvelles hélices d’ADN. Un chromosome
étant une longue molécule d’ADN double brin, la production de deux doubles
hélices identiques conduit à la formation de deux chromosomes identiques.
Cette découverte marqua l’une des mutations
les plus spectaculaires de la biologie (et des sciences en général), l’hérédité
étant désormais considérée au niveau de ses mécanismes les plus fins, marquant
ainsi la naissance de la génétique moléculaire, et, de façon plus générale,
celle de la biologie moléculaire. Il restait à savoir comment l’ADN contrôle la
formation des protéines, composés fondamentaux de tout processus biologique. Car
les protéines non seulement sont les constituants majeurs de la plupart des
structures cellulaires, mais elles contrôlent la quasi-totalité des réactions
chimiques qui ont lieu chez les organismes vivants. Chaque protéine est
constituée d’un ou de plusieurs polypeptides, un polypeptide étant une chaîne
d’acides aminés. Vingt acides aminés différents peuvent entrer dans la
composition d’un polypeptide. Le nombre, le type et l’ordre des acides aminés
dans la chaîne polypeptidique déterminent la structure et la fonction de la
protéine.
3.2 |
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Code génétique et ARN
messager |
Dès la découverte de la synthèse des
protéines par les gènes, les scientifiques ont tenté de déterminer le code
permettant à la cellule de convertir un fragment d’ADN en une protéine,
c’est-à-dire une séquence de bases nucléotidiques en une séquence d’acides
aminés. Dix ans après les travaux de Watson et Crick, ce code génétique fut
défini et biologiquement mis en évidence. Trois bases successives, les triplets
ou codons, déterminent le choix d’un acide aminé particulier, à l’exclusion de
tout autre. La séquence d’acides aminés d’une protéine est donc déterminée par
une succession de triplets dans la molécule d’ADN.
Cette découverte fut liée à l’étude d’un
autre groupe d’acides nucléiques : les acides ribonucléiques (ARN). On découvrit
que la conversion de l’ADN en polypeptide est indirecte et s’effectue en passant
par une molécule intermédiaire, l’ARN messager (ARNm). Les deux brins de l’ADN
se déroulent, et l’un d’eux sert de matrice à la formation de l’ARN messager. Ce
processus est très semblable à la formation d’un brin complémentaire de l’ADN au
cours de la division de la double hélice. Il comporte toutefois une différence
notable : dans l’ARN, l’uracile (U) remplace la thymine de l’ADN et s’apparie
avec l’adénine, sa base complémentaire. Ce processus est appelé transcription.
L’ARNm est ensuite lu par les ribosomes de la cellule, qui synthétisent la
chaîne protéique correspondante : c’est la traduction.
3.3 |
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Transmission à la
descendance |
C’est grâce au processus de méiose, à
l’origine de la formation des gamètes, que chaque parent peut fournir à sa
descendance un exemplaire de ses gènes. Ce processus diffère de la mitose
(division « classique » des cellules) par un point important : un seul élément
de chaque paire de chromosomes (homologues et hétérologues) est transmis à
chaque cellule-fille (au cours de la mitose, chaque nouvelle cellule reçoit une
paire de chaque chromosome). Ainsi, chaque gamète est haploïde (il contient un
seul lot de chromosomes). Lorsque deux gamètes fusionnent, lors de la
fécondation, la cellule (zygote) résultante contient une paire de chaque
chromosome, dont une moitié vient de l’un des parents et l’autre moitié est
issue de l’autre parent. Les chromosomes étant le support physique des gènes,
ceux-ci sont transmis de la même façon.
Ainsi, chaque gène est présent en deux
exemplaires dans toutes les cellules d’un organisme diploïde (sauf dans ses
gamètes). Ces deux exemplaires peuvent se présenter sous deux formes différentes
(les allèles). Par exemple, dans le cas d’un gène codant pour la couleur d’une
fleur, l’un des allèles peut coder pour la couleur jaune, un autre pour le
blanc, etc. L’expression des deux gènes de la paire dépend de la force
respective des allèles (voir Gène).
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GÉNÉTIQUE DES
POPULATIONS |
Dans les années 1940, des généticiens tel
John Haldane établirent des modèles mathématiques démontrant que les théories de
Mendel ne sont pas incompatibles avec celles de l’évolution par la sélection
naturelle.
Ainsi fut établie la notion
de valeur sélective d’un génotype. Plus la valeur
sélective est élevée, plus le génotype (et
les gènes qui en sont responsables) sera maintenu dans une
population. On peut également attribuer une valeur
sélective à l’ensemble d’une population, ce
qui peut expliquer son maintien dans son environnement. Le concept de
valeur sélective permet d’expliquer les modifications
progressives des génotypes d’une population, et ainsi
l’apparition de nouvelles espèces. Dans une population
à l’équilibre par rapport à son
environnement, les fréquences relatives des différents
gènes sont caractéristiques de cette population, et se
maintiennent de génération en génération.
En outre, pour un gène donné,
l’hétérozygotie (présence de deux
allèles différents) est la règle
générale.
Par exemple, dans les populations où le
paludisme sévit de façon endémique, on a constaté que la fréquence du gène de
l’anémie falciforme est bien plus élevée que dans les autres populations, avec
un grand nombre d’individus hétérozygotes (un allèle normal, un allèle
« malade »). C’est que la présence de cet allèle confère aux individus
hétérozygotes un avantage vis-à-vis de l’agent du paludisme, Plasmodium
falciparum :
ce dernier ne peut pas se développer dans les hématies de
ces individus, dont la forme est intermédiaire entre la forme
saine et la forme malade. En contrepartie, l’incidence de
l’anémie falciforme elle-même (individu homozygote)
est élevée, car la probabilité de recevoir deux
allèles anormaux est augmentée. L’avantage
sélectif conféré par
l’hétérozygotie est donc supérieur aux
pertes occasionnées par les cas d’homozygotie.
Si, dans cet exemple,
l’intérêt de l’hétérozygotie est
facile à expliquer, ce n’est pas le cas pour un grand
nombre de gènes, pour lesquels
l’hétérozygotie ne semble pas procurer
d’avantage particulier. Les modèles mathématiques
de sélection aboutissent, au contraire, à
l’homogénéisation des gènes d’une
population à l’équilibre (homozygotie de tous les
individus), d’autant que la valeur sélective globale
d’une population hétérozygote est inférieure
à celle que devrait posséder une population homozygote
adaptée. Aucun de ces modèles n’est
aujourd’hui capable de justifier le maintien d’une telle
diversité, bien que celle-ci soit de façon
évidente un avantage en cas de changement brusque des conditions
environnementales.
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