Ecrivez-nous
|
Synonymes et antonymes
Synonyme et antonyme sont deux mots formés
à partir de l'élément grec onoma (« nom »). Cependant, synonyme
désigne un mot de sens voisin (sun, en grec, signifie « avec ») ;
antonyme, un mot de sens contraire (anti, en grec, signifie
« contre »).
Quand est-il utile de recourir à un synonyme ou à un
antonyme ? Deux synonymes sont-ils toujours interchangeables ? Comment
forme-t-on un antonyme ?
1. À quoi servent les synonymes et les antonymes ? 1.1. Éviter une répétition
Les synonymes permettent de reprendre une idée mais en
d'autres termes et d'éviter ainsi des répétitions maladroites et lourdes dans un
texte.
Ex. : « Ce glorieux début annonçait que la saison
de chasse serait brillante […]. Cependant, je m'aperçus assez vite que ma
passion avait perdu de sa virulence, et il me sembla que les chasseurs
eux-mêmes ne brûlaient plus de la même ardeur. » (Marcel Pagnol, le
Temps des secrets)
Ainsi dans l'extrait ci-dessus, brillante reprend
l'idée contenue dans glorieux ; de même, ardeur fait écho à
passion.
1.2. Emplois stylistiques
L'usage de plusieurs synonymes à la suite permet de
créer une accumulation ou une gradation et donc un effet d'emphase.
Ex. : « – Quel âge me donnes-tu ?
— Vous êtes encore jeune, monsieur des Cigales.
— Je pense bien ! Quarante-sept ans ! Tu me prends déjà
pour un vieillard ? pour un gâteux, pour une baderne, pour
une guenille, un débris, un déchu, un amoindri, une
ganache, un décrépit, un sénile, un caduc, un
suranné, une ruine, un archaïque, un périmé, un
défectif, un vioc et pour tout dire un con ? » (Raymond
Queneau)
Sont ici alignés, dans un véritable déluge verbal, seize
synonymes susceptibles de remplacer le mot vieillard.
L'emploi de deux antonymes dans une même phrase permet
de créer une antithèse.
Ex. : « D'ailleurs, [Emma] ne cachait plus son mépris
pour rien, ni pour personne ; et elle se mettait quelquefois à exprimer des
opinions singulières, blâmant ce qu'on approuvait, et approuvant
des choses perverses ou immorales : ce qui faisait ouvrir de grands yeux à son
mari. » (Gustave Flaubert, Madame Bovary)
L'antithèse souligne ici le profond désabusement de
l'héroïne.
2. La recherche d'un synonyme ou d'un antonyme dans le dictionnaire
Pour rechercher un synonyme ou un antonyme, on peut
s'aider d'un dictionnaire. Les définitions des sens d'un mot font en effet appel
à des synonymes ; dans un bon dictionnaire, ceux-ci sont signalés en tant que
tels et mis en évidence par la typographie. Moins nombreux, les antonymes, sont
parfois regroupés à la fin de l'article ; ils sont alors annoncés par
l'abréviation Ant. (pour « antonyme ») ou Contr. (pour
« contraire »).
En feuilletant le dictionnaire, on remarque que les mots
qui n'ont qu'un seul sens ont rarement des synonymes ou des antonymes. En
revanche quand un mot est polysémique, il a souvent plusieurs synonymes,
voire plusieurs antonymes, chacun correspondant à un sens déterminé.
Prenons l'exemple de l'adjectif
dur. Voici une liste non exhaustive de ses synonymes et
antonymes classés par sens :
— 1. Qui résiste à la pression (des roches dures, un
lit dur). Syn. Résistant, rigide. Ant. Mou, souple,
tendre.
— 2. Qui résiste à l'effort, à une action (une porte
dure).
— 3. Pénible à supporter, désagréable aux organes des
sens (un climat dur, une voix dure). Syn. Âpre, rigoureux,
rude. Ant. Doux, harmonieux.
— 4. Qui manque de cœur (une personne dure).
Syn. Impitoyable, inflexible, intransigeant, sévère, strict. Ant.
Bienveillant, indulgent.
3. Les limites de la synonymie
Le plus souvent, les synonymes d'un mot expriment les
différentes nuances d'une même idée. Ils ne sont pas forcément
interchangeables. Des synonymes peuvent ainsi différer :
— par le degré d'intensité qu'ils marquent ;
Ex. : « Rien n'est plus troublant, plus
inquiétant, plus effrayant parfois qu'un marécage. »
(Maupassant)
Les trois synonymes troublant, inquiétant et
effrayant ménagent une gradation.
— par le registre de langue auquel ils
appartiennent ;
Ex. : blaguer (registre familier),
plaisanter (registre courant), badiner (registre soutenu).
— par la nuance d'appréciation qu'ils impliquent.
Ex. : poli (terme neutre), obséquieux
(terme péjoratif).
4. La formation des antonymes
Selon le cas, les antonymes appartiennent à deux
familles de mots différentes (c'est le cas, par exemple, de poli et de
grossier) ou sont des mots formés sur le même radical qui se distinguent
par un préfixe (par exemple, poli et impoli).
On peut citer plusieurs préfixes négatifs permettant de
former des antonymes :
in- (variantes im-, il-,
ir-) ; Ex. : inexact, impoli, illégalité, irrégulier.
dé- (variantes dés-) et dis- ;
Ex. : déplaisant, se déshabiller, disproportion.
mé- (variante més-) et mal- ; Ex. :
mécontent, mésentente, malhabile.
non- (relié au mot qui le suit par un trait
d'union) ; Ex. : non-sens, non-violence.
On peut également évoquer des couples de préfixes de
sens contraires : en-/dé- (embarquer, débarquer) ;
in-/ex- (inclure, exclure) ; sous-/sur-
(sous-exposer, surexposer).
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||