Une phrase est une suite de mots cohérente et structurée. Comment se structure habituellement une phrase simple en français ? Toutes les phrases s'organisent-elles autour d'un verbe ?

Il arrive qu'un professeur, voulant reprocher à un élève d'écrire en style télégraphique, sans utiliser de verbe, écrive dans la marge d'un devoir : « Fais des phrases ». Un texte rédigé est en effet composé normalement de phrases verbales, c'est-à-dire de phrases organisées autour d'un verbe.

Un verbe ayant en général un sujet, une phrase simple standard contient donc au minimum un groupe sujet et un groupe verbal (verbe + mots étroitement liés au verbe). Ces deux groupes sont essentiels ; si l'on supprime l'un des deux, le sens de la phrase est détruit.

Ex. : « [L'écriture, née très humblement pour des besoins de simple comptabilité,] [est devenue un aide-mémoire, puis une manière de garder les traces de la langue parlée.] »

(D'après G. Jean, l'Écriture, Mémoire des hommes)

Cette phrase, construite autour du verbe noyau est devenue, comprend un groupe sujet et un groupe verbal délimités par des crochets. Aucun de ces deux groupes ne peut être supprimé (cependant, on peut supprimer certains éléments à l'intérieur de chacun des groupes).

Remarque : quand le verbe est à l'impératif ou à l'infinitif, la phrase ne comprend pas de groupe sujet.

Ex. : Prenez vos stylos !

Aux deux groupes essentiels de la phrase verbale, on peut ajouter des groupes facultatifs ou compléments de phrase ; ces groupes sont dits facultatifs parce qu'on peut les supprimer sans détruire le sens de la phrase.

Ex. : « L'écriture, née très humblement pour des besoins de simple comptabilité, est [peu à peu] devenue [chez les habitants de la Mésopotamie] un aide-mémoire, puis une manière de garder les traces de la langue parlée. » (op. cit.)

Les groupes peu à peu et chez les habitants de la Mésopotamie sont des groupes facultatifs.

On appelle phrase minimale une phrase verbale dont on a supprimé tous les groupes facultatifs et, dans les groupes essentiels, tous les éléments facultatifs. Voici la phrase minimale correspondant à notre exemple : [L'écriture] [est devenue un aide-mémoire, puis une manière de garder les traces de la langue parlée.]

On a supprimé les compléments de phrase peu à peu et chez les habitants de la Mésopotamie mais également une expansion facultative dans le groupe sujet. On constate cependant que la phrase minimale comprend toujours un groupe sujet et un groupe verbal ; il s'agit bien de groupes essentiels.

À l'oral, des expressions exclamatives comme Quel temps ! Charmant ! ou des réponses réduites à un mot comme Oui, Non, Sans doute sont considérées comme des phrases ; cependant leur mot noyau est, selon le cas, un nom, un adjectif qualificatif ou un adverbe, et non un verbe. De même, la langue écrite fait appel à des phrases non verbales dans certains contextes : par exemple, pour un plan, une table des matières, des titres de journaux, des slogans publicitaires, etc.

Quand un élève prend des notes, il supprime le plus souvent les verbes des phrases du professeur et obtient des phrases non verbales.

Voici quelques exemples sur le thème de l'écriture :

La survivance du pictogramme dans les caractères chinois.

Toutes ces phrases ont pour noyau non pas un verbe mais un nom. On parle de phrases nominales.