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Les registres de langue
Selon la personne à qui l'on s'adresse, les
circonstances, la nature des propos que l'on tient, on ne s'exprime pas de la
même manière. On distingue habituellement trois registres de langue : les
registres courant, soutenu et familier.
Comment les emploie-t-on ? Quels critères permettent de
les distinguer ?
1. Les trois registres de langue 1.1. Le registre soutenu
Le registre soutenu correspond à une langue réfléchie
et élaborée. C'est le registre utilisé traditionnellement dans les œuvres
littéraires. On l'emploie également, à l'oral comme à l'écrit, lorsque les
relations sociales imposent une certaine distance.
1.2. Le registre courant
Le registre courant est celui de la langue orale et
de la langue écrite usuelles. C'est le registre utilisé notamment
dans la presse, dans la correspondance non officielle… ou dans une copie
d'élève.
1.3. Le registre familier
Le registre familier est employé dans la conversation
avec des proches ; le locuteur n'a pas besoin de se soucier de s'exprimer
correctement. Ce registre est donc plutôt réservé à la langue orale ; cependant
on peut en faire un usage littéraire. Les romanciers contemporains, en
particulier, y font souvent appel quand ils rapportent les paroles de certains
de leurs personnages.
Ex. : « Doukipudonktan, se demanda Gabriel excédé. Pas
possible, ils se nettoient jamais. Dans le journal, on dit qu'il y a pas onze
pour cent des appartements à Paris qui ont des salles de bains, ça m'étonne pas,
mais on peut se laver sans. Tous ceux là qui m'entourent, ils doivent pas faire
de grands efforts. » (Raymond Queneau, Zazie dans le métro)
2. Les différences de vocabulaire 2.1. Le registre soutenu
Le registre soutenu se caractérise par un vocabulaire
précis, varié, nuancé.
Ex. : Il vient d'acquérir une magnifique
automobile.
2.2. Le registre courant
Les mots utilisés dans le registre courant appartiennent
au vocabulaire quotidien, c'est-à-dire à un vocabulaire correct, pouvant
être compris par le plus grand nombre, mais pas très recherché.
Ex. : Il vient d'acheter une belle voiture.
2.3. Le registre familier
Le registre familier fait appel à des mots qualifiés
de familiers (fam.), voire de populaires (pop.), dans le
dictionnaire.
Ex. : Il s'est payé une super bagnole.
On y rencontre, en particulier, des mots abrégés (par
exemple, télé au lieu de télévision), de nombreuses expressions
imagées (par exemple, casser sa pipe pour mourir).
3. Les différences de syntaxe 3.1. Le registre soutenu
La langue de registre soutenu est riche en phrases
complexes et en tournures élaborées.
Ex. : « Ma seule consolation, quand je montais me
coucher, était que maman viendrait m'embrasser quand je serais dans mon lit.
Mais ce bonsoir durait si peu de temps, elle redescendait si vite, que le moment
où je l'entendais monter, puis où passait dans le couloir à double porte le
bruit léger de sa robe de jardin en mousseline bleue, à laquelle pendaient de
petits cordons de paille tressée, était pour moi un moment douloureux. » (Marcel
Proust, Du côté de chez Swann)
Elle emploie tous les temps et tous les modes,
notamment :
— le passé simple de l'indicatif pour raconter ;
— l'imparfait et plus-que-parfait du subjonctif, par
souci de concordance des temps, dans une subordonnée au subjonctif dépendant
d'un verbe principal au passé.
Ex. : Il aurait aimé que ce bonsoir
durât plus longtemps.
3.2. Le registre courant
Dans le registre courant, les phrases sont simples
mais grammaticalement correctes.
Ex. : « Marie Bizingre tire le tuyau de l'aspirateur.
L'appareil résiste. Le fil est trop court. » (Jean-Paul Nozière, Des crimes
comme ci comme chat)
Le passé simple du registre soutenu est remplacé par le
passé composé ; le subjonctif imparfait ou plus-que-parfait par le subjonctif
présent ou passé.
3.3. Le registre familier
« Les cartes italiennes, ça s'abat sur la table à grands
coups de poing, en hurlant à voix sauvage des choses que je comprends pas, des
choses de meurtre et de malédiction. Et quand ils jouent à la morra ! À la
mourre, comme on dit en dialetto. Là, oui, ça fait du bruit. […] Les vitres
tremblent, elles tremblent pour de bon, quand nous autres mômes, on passe dans
la rue ça nous vibre dans la tête, les murs font écho, toute la rue résonne
comme un gros mirliton. » (Cavanna, les Ritals)
On observe dans ce passage plusieurs caractéristiques
syntaxiques du registre familier. Par exemple :
— les phrases sont construites de façon assez
lâche ; les propositions sont le plus souvent posées les unes à côté des
autres (juxtaposées) ;
— certaines phrases sont incomplètes ; ainsi « Et quand
ils jouent à la morra ! » est une proposition subordonnée employée sans
proposition principale ;
— on relève des phrases segmentées, avec un pronom qui
rappelle le groupe de mots détaché en tête ou en fin de phrase (« Les cartes
italiennes, ça s'abat sur la table […] ») ;
— l'adverbe négatif ne est omis (« des choses que
je comprends pas ») ;
— le pronom démonstratif cela est remplacé par sa
forme contractée ça, le pronom personnel nous est remplacé par
l'indéfini on.
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