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Les Contes de Perrault
Le Petit Chaperon rouge, Cendrillon ou la
Belle au bois dormant… Tout le monde connaît les Contes de
Perrault.
Quelles sont les caractéristiques de ces contes ? Ne
font-ils que raconter de jolies histoires ?
1. Les caractéristiques des Contes 1.1. Qu'est-ce qu'un conte ?
Un conte est un texte généralement court, qui fait la
part belle à l'imaginaire. Les contes de fées, ou « contes merveilleux »,
contiennent des éléments surnaturels qui jouent un rôle important dans
l'histoire.
Les Contes puisent dans le folklore
populaire, dans ces histoires racontées au coin du feu. Certaines formules
reflètent cette tradition et sont répétées comme des refrains de chanson :
« Tire la chevillette et la bobinette cherra » dans le Petit Chaperon
rouge, ou le fameux « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? » dans
la Barbe bleue.
Perrault donne une version écrite, littéraire, de ces
contes populaires et fixe ainsi la tradition orale. Puisqu'ils ont été racontés
dans de nombreux pays, on en trouve d'autres versions, notamment chez les frères
Grimm.
1.2. « Il était une fois… »
Le cadre spatio-temporel (époque et lieu du
récit) est rarement défini : tous les contes de Perrault commencent par
la formule rituelle « Il était une fois » (sauf le Maître chat ou le Chat
botté), qui renvoie à un passé lointain et vague. Les lieux ne sont pas plus
déterminés : une forêt ou un château sans nom.
Perrault a cependant introduit quelques détails de son
époque : les gardes suisses (la Belle au bois dormant), l'eau de la reine
de Hongrie, remède fameux, les meubles (cabinets, sofas, guéridons dans la
Barbe bleue), les détails des vêtements (le « déshabillé » de la grand-mère
dans le Petit Chaperon rouge, les habits de la Belle…) et les conditions
sociales des hommes (les « grands », rois, princes, marquis, la Cour, et les
« petits », paysans, bûcherons, meuniers).
1.3. « Ils vécurent heureux et… »
Tous les contes de Perrault s'achèvent par un événement
marquant qui clôt l'histoire : un mariage ou une mort, parfois les deux. Les
épreuves sont terminées et les personnages vont pouvoir vivre
tranquillement. Dans le Chat botté, le Marquis épouse la princesse ; dans
les Fées, la bonne fille se marie avec le fils du roi. Cendrillon épouse
le Prince et marie ses deux sœurs « à deux grands Seigneurs de la Cour ». Riquet
à la houppe épouse la fille du roi. Seules exceptions : le Petit Poucet, qui
reste célibataire, et le Petit Chaperon rouge qui meurt.
Le dénouement met un point final à l'histoire, dont le
lecteur peut imaginer la suite (le bonheur, les enfants), et permet d'annoncer
sa morale (les méchants sont punis, les bons récompensés).
1.4. La morale de l'histoire
Comme les fables de La Fontaine, les contes de Perrault
sont assortis d'une moralité, sous la forme d'un petit poème expliquant quelle
leçon le lecteur peut tirer du conte.
La moralité du Petit Poucet, par exemple, précise
que ce n'est pas parce qu'un enfant est faible et petit qu'il ne fera pas la
joie de ceux qui l'entourent :
« Mais si l'un d'eux est faible ou ne dit mot,
On le méprise, on le raille, on le pille ;
Quelque fois cependant c'est ce petit marmot
Qui fera le bonheur de toute la famille. »
Il s'agit bien là d'instruire en distrayant.
Perrault s'adresse à tous, petits et grands, et montre que la morale des gens
simples n'a rien à envier à celle des savants.
2. Les personnages 2.1. Les bons et les méchants
Les Contes mettent souvent en scène des couples
de personnages dont l'un est bon, l'autre méchant.
« Il était une fois une veuve qui avait deux filles ;
l'aînée lui ressemblait si fort et d'humeur et de visage que qui la voyait
voyait la mère. Elles étaient toutes deux si désagréables et si orgueilleuses
qu'on ne pouvait vivre avec elles. La cadette, qui était le vrai portrait de son
Père pour la douceur et pour l'honnêteté, était avec cela une des plus belles
filles qu'on eût su voir. » (les Fées)
Dans Riquet à la houppe, l'opposition
bon/méchant est remplacée par l'opposition beau/laid :
« Au bout de sept ou huit ans la Reine d'un royaume
accoucha de deux filles. La première qui vint au monde était plus belle que le
jour. […] Mais elle eut quelques moments après un bien plus grand chagrin, car
la seconde fille dont elle accoucha se trouva extrêmement laide. »
Barbe-bleue « si laid et si terrible, qu'il
n'était ni femme ni fille qui ne s'enfuît devant lui » est aussi le personnage
le plus cruel des Contes.
Dans l'ensemble, les contes de Perrault opposent donc
les bons (les petits, les princes, les animaux, les bonnes fées) aux méchants
(les ogres, les méchantes fées, les belles-mères). C'est pourquoi les
personnages occupent des fonctions narratives très précises.
2.2. Des ogres et des fées
Les fées et les ogres sont les ambassadeurs du
merveilleux dans les contes de Perrault. Les premières décident des destins
(la Belle au bois dormant), se métamorphosent (les Fées),
favorisent la victoire des bons (Cendrillon), alors que l'ogre ou
l'ogresse sont d'une cruauté brutale.
2.3. Des animaux proches des hommes
Les animaux, dotés de qualités humaines, font partie
intégrante du monde des hommes. Ainsi le Chat botté parle, marche sur deux
pattes et se montre aussi rusé et intelligent que le Petit Poucet. À la fin du
conte, il est récompensé de son habileté : « Le Chat devint grand Seigneur, et
ne courut plus après les souris, que pour se divertir. ».
3. Les thèmes principaux 3.1. La métamorphose
La métamorphose est un des indices les plus
caractéristiques du conte merveilleux. Il y en a de vraies dans les contes de
Perrault (par exemple, celle de l'Ogre en lion puis en souris dans le Chat
botté, toutes les métamorphoses que produit la marraine fée dans
Cendrillon) ; mais il y a aussi des pseudo-métamorphoses : la sœur bête
qui devient intelligente dans Riquet à la houppe ; le loup qui se
transforme en grand-mère dans le Petit Chaperon rouge…
3.2. L'épreuve
Avant de pouvoir vivre heureux, les personnages
subissent une série d'épreuves qui forment leur apprentissage. Le Petit Poucet
affronte l'abandon, puis l'Ogre, avant de devenir adulte et riche. La jeune sœur
des Fées doit offrir de l'eau à une vieille femme. La Belle est obligée
de dormir cent ans. Seules ces épreuves rendent les personnages dignes d'être
aimés et d'être heureux.
3.3. La mort
À l'exception du Petit Chaperon rouge et de sa
grand-mère, dévorées par le loup, la mort frappe généralement les personnages
méchants : les filles de l'Ogre (le Petit Poucet), l'Ogre (le Chat
botté), Barbe-bleue, la méchante sœur (les Fées).
Perrault décrit la mort avec une certaine cruauté :
« l'Ogresse, enragée de voir ce qu'elle voyait, se jeta elle-même la tête la
première dans la cuve, et fut dévorée en un instant par les vilaines bêtes
qu'elle y avait fait mettre » (la Belle au bois dormant). La méchante
sœur des Fées « se fit tant haïr, que sa propre mère la chassa de chez
elle ; et la malheureuse, après avoir bien couru sans trouver personne qui
voulût la recevoir, alla mourir au coin d'un bois ».
4. Qui est Charles Perrault ?
Charles Perrault vécut au xviie siècle, à l'époque de
Louis XIV : il est contemporain de La Fontaine, de Molière, de La Bruyère et de
Racine. Homme de loi, au service de Colbert, il contribue à l'édification de
Versailles. Entré à l'Académie française, il se montre farouche partisan des
Modernes dans la querelle qui les oppose aux Anciens. Il reste surtout célèbre
pour les Contes de ma mère l'Oye, d'abord publiés sous le nom de son fils
mais qui connurent un succès immédiat.
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