L'expression du temps
Situer l'action exprimée par un verbe dans le temps,
c'est en préciser le moment ou la fréquence (question : quand ?), ou bien
encore sa durée (question combien de temps ?).
De quels moyens dispose-t-on pour y parvenir ?
1. Exprimer le temps à l'aide d'une proposition
subordonnée
Une action peut être située dans le temps à l'aide d'une
proposition subordonnée circonstancielle de temps ; celle-ci peut être une
subordonnée conjonctive, introduite par une conjonction ou une locution
conjonctive de subordination, ou une subordonnée participiale ayant pour noyau
verbal un participe présent ou passé.
1.1. La subordonnée conjonctive circonstancielle de
temps
Selon le cas, une subordonnée conjonctive
circonstancielle de temps exprime :
— l'antériorité de l'action exprimée par le verbe de la
principale (locutions conjonctives : avant que, en attendant que, jusqu'à ce
que, suivies du mode subjonctif) ;
Ex. : [Avant qu'il ne parte à
l'aventure] Tristan fut élevé par le sage Dinas de Lidan.
— la simultanéité des deux actions (conjonctions :
comme, lorsque, quand, locutions conjonctives : alors que, à
chaque fois que, à mesure que, pendant que, tant que, suivies du mode
indicatif) ;
Ex. : [Lorsque le géant Morholt
vint réclamer son tribut,] Tristan l'affronta en combat singulier.
— la postériorité de l'action exprimée par le verbe de
la principale (conjonctions : quand, lorsque ; locutions conjonctives :
après que, aussitôt que, dès que, depuis que, une fois que, suivies du
mode indicatif).
Ex. : [Une fois qu'il eut vaincu le
Morholt,] Tristan, blessé, partit seul sur une barque vers des rivages
inconnus.
Remarques :
— dans certaines constructions (à peine… que…, ne…
pas… que…), c'est la seconde proposition, introduite par que, qui
joue le rôle de la principale ;
Ex. : À peine Tristan entra-t-il en convalescence
[qu'il fut confié aux soins d'Iseult la blonde].
— dans le cas de deux subordonnées coordonnées, on peut
introduire la seconde par que pour éviter la répétition de la
conjonction.
Ex. : [Alors que les barons priaient le roi Marc de
prendre femme] et [qu'ils lui présentaient les
avantages d'une lignée,] deux hirondelles laissèrent tomber à ses pieds un
magnifique cheveu, plus fin et plus luisant qu'un fil d'or.
1.2. La subordonnée participiale circonstancielle de
temps
Une proposition subordonnée participiale peut servir à
exprimer le temps. Dans ce cas, même si aucun mot subordonnant ne l'introduit,
elle est souvent construite avec l'adverbe sitôt ou la locution
adverbiale une fois.
Ex. : [Sitôt la décision du roi prise,]
Tristan et Gorvenal, accompagnés de cent jeunes vassaux de noble famille, se
mirent en quête de celle a qui appartenait ce cheveu.
2. Utiliser d'autres procédés
D'autres constructions permettent l'expression du
temps.
2.1. Les compléments circonstanciels de temps dans la
phase simple
Une circonstance de temps peut aussi être exprimée
par :
— un nom ou un groupe nominal, précédé ou non d'une
préposition (à, après, avant, dans, de, depuis, dès, pendant, vers, etc.)
ou d'une locution prépositive (avant de, à partir de, au cours de,
jusqu'à, etc.) ;
Ex. : Pendant la traversée,
Brangien versa un philtre d'amour dans les coupes de Tristan et d'Iseult.
— un adverbe (aujourd'hui, alors, soudain, longtemps,
parfois, désormais, etc.) ou une locution adverbiale (à présent, tout à
l'heure, tout à coup, de nouveau, dès lors, etc.) ;
Ex. : Dès lors, les deux jeunes
furent terriblement épris l'un de l'autre.
— un infinitif ou un groupe infinitif introduit le plus
souvent par la préposition après ou les locutions prépositives avant
de, au moment de ;
Ex. : Après avoir sauvé Iseult de la
lubricité des lépreux, Tristan l'emmena vivre dans la forêt.
— un gérondif ou un groupe gérondif ;
Ex. : En apercevant les deux amants
endormis, une épée nue placée entre leurs corps, le roi Marc, ému, respecte
leur sommeil.
2.2. Autres constructions
Une nuance circonstancielle de temps peut être
sous-entendue par :
— deux propositions indépendantes juxtaposées ;
Ex. : La vertu du philtre
s'épuise ; la vie des deux amants change. (= Une fois
que la vertu du philtre s'épuise…)
— deux propositions indépendantes coordonnées ;
Ex. : La vertu du philtre s'épuise
et la vie des deux amants change.
— un nom (ou un groupe nominal) apposé ;
Ex. : Enfant, Tristan ne connut jamais sa mère,
morte en couches. (= Quand il fut enfant,…)
— un adjectif ou un participe épithète détachée ;
Ex. : Encore éperdument épris de la blonde
Iseult, Tristan l'approcha en se faisant passer pour fou.
— une proposition subordonnée relative.
Ex. : Tristan, [qui allait mourir des
suites des blessures occasionnées par le nain Bédalis,] espérait encore
revoir Iseult. (= Alors qu'il allait mourir…)
Dans ces divers cas, on a une nuance de temps mais pas
de CC de temps.
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