Le discours argumentatif
L'objectif du discours argumentatif est de soutenir un
point de vue et de convaincre un adversaire, soit pour modifier son opinion ou
son jugement, soit pour l'inciter à agir.
Comment le repérer ? Quelles sont les différentes
marques de l'argumentation ?
1. Repérer le discours argumentatif
Le discours argumentatif cherche avant tout à
convaincre. Il défend une thèse au moyen d'arguments généralement
étayés par des exemples. Prenons pour exemple ce texte où Sartre défend
l'engagement politique des artistes : « Puisque l'écrivain n'a aucun moyen de
s'évader, nous voulons qu'il embrasse étroitement son époque […]. Je tiens
Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression qui suivit la Commune
parce qu'ils n'ont pas écrit une ligne pour l'empêcher. Ce n'était pas leur
affaire, dira-t-on. Mais le procès de Calas, était-ce l'affaire de Voltaire ? La
condamnation de Dreyfus, était-ce l'affaire de Zola ? L'administration du Congo,
était-ce l'affaire de Gide ? Chacun de ces auteurs, en une circonstance
particulière de sa vie, a mesuré sa responsabilité d'écrivain. » (les Temps
modernes, n°1)
1.1. Les marques de subjectivité
Le discours argumentatif est un énoncé ancré dans la
situation d'énonciation. Il est rédigé au présent, le plus souvent à la
première personne.
Ex. : « […] nous voulons qu'il embrasse
étroitement son époque. »
Le locuteur est plus ou moins engagé dans son
argumentation. Pour exprimer clairement une position subjective, il peut
utiliser des modalisateurs, par exemple :
— des verbes d'opinion (penser, croire, estimer,
juger, supposer, affirmer, etc.) ;
Ex. : « Je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables
de la répression […]. »
— des adverbes d'opinion (hélas, sans doute,
évidemment, etc) ou d'intensité (trop, pas assez, etc.) ;
Ex. : Votre devoir n'est pas
assez précis.
— un champ lexical péjoratif, c'est-à-dire exprimant un
point de vue négatif, dévalorisant ;
Ex. : La nourriture de la cantine est
infecte, abominable !
— un champ lexical mélioratif, c'est-à-dire exprimant un
point de vue positif, valorisant.
Pour impliquer le destinataire dans son
raisonnement, le locuteur utilise la deuxième personne et a recours à des
injonctions ou à des interrogations rhétoriques.
Ex. : « Le procès de Calas, était-ce l'affaire de
Voltaire ? »
1.2. Un discours organisé
Pour être efficace, le discours argumentatif doit être
organisé : les arguments sont souvent reliés par des connecteurs
logiques, qui expriment l'opposition (mais, or, cependant, néanmoins,
pourtant, toutefois, en revanche, etc.), la cause (car, en
effet, etc.), la conséquence (donc, c'est pourquoi, aussi, ainsi, par
conséquent, etc.).
La première étape d'une argumentation correspond souvent
à l'exposé de la thèse que l'on veut défendre ou réfuter. Puis le
locuteur présente des arguments ou des objections, souvent étayés par
des exemples (tirés de l'expérience personnelle, de l'histoire ou de
l'actualité).
Le schéma argumentatif (c'est-à-dire le plan de
l'argumentation) peut varier : le locuteur peut choisir de défendre sa propre
thèse et de passer sous silence la thèse adverse ; il peut aussi commencer par
réfuter la thèse adverse ou, à l'inverse, feindre de concéder certains points à
la thèse adverse afin de mieux disposer le destinataire à accepter la
sienne.
2. Comprendre les diverses stratégies du discours
argumentatif
Selon qu'il veut convaincre ou persuader, le locuteur
utilisera une stratégie différente.
Pour convaincre, le locuteur s'adresse à la
raison. Ainsi, pour défendre la scolarité obligatoire, on peut recourir à
différents arguments rationnels : le principe de l'égalité, l'éveil à la
citoyenneté ou encore le calcul économique (investir aujourd'hui pour avoir
demain une main-d'œuvre qualifiée). Le raisonnement peut aller du général au
particulier (raisonnement déductif), du particulier au général (raisonnement
inductif) ou conduire à la mise en parallèle de deux situations (raisonnement
analogique).
Pour persuader, le locuteur s'adresse aux
sentiments, à l'affectivité. Certains arguments visent ainsi à provoquer
la compassion, l'indignation.
Ex. : « Messieurs, ne négligez pas ceci, vous ne le
pouvez pas ; n'oubliez pas les 624 000 enfants, le septième de la population
scolaire, qui en 1876, ne recevaient aucune instruction, n'apprenaient ni à
lire, ni à écrire, ne recevaient aucune notion de l'histoire de leur pays,
aucune notion de moralité générale. Ces enfants, pouvez-vous les laisser dans
cet état inférieur ? » (Discours de Paul Bert, le 4 décembre 1880)
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