La modalisation du discours
Rares sont les énoncés qui ne reposent pas, d'une façon
ou d'une autre, sur l'emploi de procédés de modalisation.
Qu'appelle-t-on précisément « modalisation du discours »
et quelles sont les marques textuelles qui la révèlent ?
1. Qu'appelle-t-on « modalisation du discours » ?
Le locuteur révèle souvent dans son énoncé son point de
vue, c'est-à-dire ses opinions ou ses sentiments. L'énoncé contient alors des
traces, des indices de cette subjectivité : c'est ce qu'on appelle « la
modalisation du discours ».
Toute modalisation permet de traduire :
— soit une certitude, plus ou moins forte selon
que le locuteur est convaincu ou non de ce qu'il énonce ; c'est le cas dans les
remarques d'élèves qui suivent ;
Ex. : M. Lesot nous prend apparemment pour des
imbéciles. (présomption) —M. Lenoir, à l'évidence, manque de clarté dans
ses explications. (certitude forte) ;
— soit une évaluation, c'est-à-dire un jugement
positif ou négatif.
Ex. : M. Le Gentil sait fort bien redonner confiance
aux élèves en difficulté.
Si les marques du locuteur sont plus particulièrement
présentes dans le texte argumentatif, on les trouve aussi dans les autres types
de texte (narratif, descriptif, explicatif) : seuls les énoncés scientifiques et
techniques échappent en principe à la modalisation.
2. Quels sont les procédés de modalisation ?
2.1. Les procédés lexicaux
Le vocabulaire utilisé par le locuteur peut révéler sa
subjectivité. C'est le cas lorsqu'il emploie :
— des verbes d'opinion (penser, croire, estimer,
juger, supposer, affirmer, etc.) ;
Ex. : Je pense que tu devrais
réviser ta leçon.
— des adverbes d'opinion (hélas, sans doute,
évidemment, etc) ou d'intensité (trop, pas assez, etc.) ;
Ex. : Votre devoir n'est pas
assez précis.
— un champ lexical péjoratif, c'est-à-dire exprimant un
point de vue négatif, dévalorisant ;
Ex. : La nourriture de la cantine est
infecte, abominable !
— un champ lexical mélioratif, c'est-à-dire exprimant un
point de vue positif, valorisant.
Ex. : M. Bellot est un professeur
idéal.
2.2. Les procédés grammaticaux
La grammaire offre elle aussi des procédés de
modalisation. Il est ainsi possible d'employer :
— certains types de phrases, plus particulièrement la
phrase exclamative ;
Ex. : La copie d'Hector a disparu : quelle
catastrophe !
— le conditionnel pour exprimer l'incertitude ;
Ex. : La copie d'Hector aurait été
volée !
— les auxiliaires modaux pouvoir, devoir,
falloir, les deux premiers servant à traduire la probabilité, le dernier, la
nécessité ;
Ex. : La copie d'Hector a dû
être égarée.
2.3. Les procédés stylistiques
Certaines figures de style expriment également le point
de vue du locuteur. C'est le cas plus particulièrement :
— de la comparaison et de la métaphore, qui traduisent
une façon de voir toute subjective ;
Ex. : Mon voisin de classe avait
l'air d'une chouette.
— de l'antiphrase, qui permet au locuteur de dire, par
ironie, le contraire de ce qu'il pense ;
Ex. : Deux sur vingt ! Bravo, belle
réussite !
— de la litote, qui permet de modérer un propos
défavorable et donc de ménager la sensibilité de l'interlocuteur ;
Ex. : Cette copie n'est pas excellente. (= cette
copie est mauvaise).
— de l'hyperbole, qui permet d'insister en
exagérant.
Ex. : Votre devoir est une catastrophe nationale
Ou Votre devoir est la huitième merveille du monde.
2.4. Les procédés typographiques
Le locuteur a également la possibilité de révéler son
point de vue en employant des procédés typographiques, c'est-à-dire des procédés
qui concernent la façon dont un énoncé est écrit ou imprimé.
S'il désire accorder une plus grande importance encore à
son énoncé, il peut employer les caractères gras, les caractères soulignés, les
majuscules ou bien encore les lettres italiques.
S'il désire prendre du recul par rapport à son énoncé,
parce que le mot ou le groupe de mots retenu peut paraître choquant ou trop
spécialisé, il peut employer les guillemets.
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