Formes et valeurs du subjonctif
Le subjonctif est l'un des quatre modes verbaux
personnels. Il comporte quatre temps. Comment conjugue-t-on un verbe au
subjonctif ? Et quand fait-on appel à ce mode ?
1. Les formes du subjonctif
1.1. Le présent du subjonctif
Au présent du subjonctif, les terminaisons sont :
-e, -es, -e, -ions, -iez, -ent.
Ex. : (il faut) que je me dépêche, que tu te
dépêches, qu'il se dépêche, que nous nous dépêchions, que
vous vous dépêchiez, qu'ils se dépêchent.
Attention à ne pas oublier le i de la
terminaison quand le radical se termine par i, y, ll ou
gn.
Ex. : (il faut) que nous criions plus fort ; (il
faut) que vous envoyiez ce message ; (il faut) que nous nous
réveillions ; (il faut) que vous vous plaigniez.
Font exception les verbes être et
avoir dont la conjugaison obéit aux règles suivantes :
— à la 3e personne du singulier, la
terminaison est -t : (il faut) qu'il soit, qu'il
ait ;
— aux deux premières personnes du pluriel, le i
disparaît après le y du radical : (il faut) que nous
ayons, que vous ayez, que nous
soyons, que vous soyez.
1.2. L'imparfait du subjonctif
La conjugaison de l'imparfait du subjonctif s'appuie sur
celle du passé simple. On utilise la même voyelle : a, i,
u, in, à laquelle on ajoute les terminaisons : -sse,
-sses, -t, -ssions, -ssiez, -ssent.
Ex. : (il fallait) que
j'allasse ; que tu prisses, que nous
lussions, qu'ils vinssent.
Attention, à la 3e personne du
singulier, la voyelle prend un accent circonflexe : (il fallait) qu'il
parlât, qu'il fît, qu'il
lût, qu'il vînt.
1.3. Les temps composés du subjonctif
Le passé du subjonctif se forme avec l'auxiliaire
avoir ou être au présent du subjonctif suivi du participe passé :
(il faut) que j'aie fini avant qu'il ne soit
parti.
Le plus-que-parfait se forme avec l'auxiliaire
avoir ou être à l'imparfait du subjonctif suivi du participe
passé : (il aurait fallu) que je l'eusse demandé et
qu'il s'en fût souvenu.
2. Les valeurs d'emploi du subjonctif
2.1. Des emplois littéraires
Seuls, deux des temps du subjonctif appartiennent à la
langue orale : le présent et le passé. Les deux autres ne se rencontrent plus
guère que dans les textes littéraires et surtout à la troisième personne.
Comme le passé simple de l'indicatif – lui aussi sorti
de la langue parlée –, le subjonctif imparfait donne une impression
d'étrangeté, exploitée comiquement par certains auteurs. Ainsi, dans cette
Complainte amoureuse signée d'Alphonse Allais.
« Oui dès l'instant que je vous vis,
Beauté féroce,
Vous me plûtes.
De l'amour, qu'en vos yeux, je pris,
Sur le champ, vous vous aperçûtes.
Ah ! Fallait-il que je vous visse ?
Fallait-il que vous me plussiez ?
Qu'ingénument, je vous le disse ?
Qu'avec orgueil, vous vous tussiez ?
Qu'en vain, je m'opiniâtrasse
Et que je vous idolâtrasse,
Pour que vous m'assassinassiez ! »
2.2. Le mode de l'éventuel
Le subjonctif peut se définir comme le mode de
l'éventuel par opposition à l'indicatif, mode du réel.
Comparons ces deux phrases :
Je m'appuyais sur la porte de sorte qu'elle
céda.
Je m'appuyais sur la porte de sorte qu'elle
cédât.
Dans la première phrase, le verbe céda est au
passé simple de l'indicatif ; la porte s'est réellement ouverte et ce fait est
présenté comme la conséquence directe du premier fait (je
m'appuyais).
Dans la seconde phrase, le verbe cédât est au
subjonctif imparfait ; l'ouverture de la porte est recherchée (de sorte
que exprime ici le but et non la conséquence) ; elle s'est éventuellement
produite mais sans que cela soit certain.
2.3. Subjonctifs imposés ou libres
Le subjonctif se rencontre principalement dans des
propositions subordonnées. Son emploi est commandé par le verbe de la
proposition principale ou par le mot subordonnant.
Dans les propositions subordonnées complétives,
le subjonctif s'impose quand le verbe de la principale exprime la volonté, la
nécessité, le doute ou un sentiment.
Ex. : Je veux qu'il sorte ! — Il faut qu'une porte
soit ouverte ou fermée. — Il n'est pas sûr qu'il vienne. – Je regrette qu'il
s'en aille si vite.
Dans les propositions subordonnées
circonstancielles, le subjonctif s'impose quand la locution conjonctive
marque notamment l'antériorité (avant que, jusqu'à ce que, etc.), le but
(pour que, afin que, de sorte que, etc.), l'opposition (bien que,
quoique, sans que, etc.).
En dépit de son nom qui signifie « attaché sous,
subordonné », le subjonctif peut également apparaître dans des propositions
indépendantes ou principales pour exprimer :
— le souhait : Pourvu que nous n'arrivions pas trop
tard !
— l'ordre : Qu'il sorte immédiatement !
— l'indignation : « Moi, Héron que je fasse une si
pauvre chère ! » (La Fontaine)
— l'hypothèse : Qu'il nous écrive et on lui répondra.
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