Les échanges internationaux
Protéger les entreprises nationales permet-il de renforcer leur efficacité ? Faut-il se spécialiser ou produire un peu de tout ? Ces questions expriment la dimension idéologique de la réflexion sur les échanges internationaux. L'histoire de ces échanges est en effet marquée par une hésitation régulière entre mondialisation et tentation de repli sur soi, avec toujours la croissance pour enjeu. Pour autant, peut-on aussi simplement opposer libre-échange et protectionnisme ?
1. En quoi consiste la théorie des avantages comparatifs ?
La théorie des avantages comparatifs élaborée par l'économiste classique David Ricardo au début du xixe siècle repose sur un principe contre-intuitif, difficile à comprendre et à admettre.
Dans les relations entre les nations de puissance économique et technologique inégale, le bon sens conduit à penser qu'il n'existe pas d'échanges mutuellement profitables, les plus puissants étant les gagnants et les faibles les perdants (d'où l'idée de guerre économique et de protectionnisme, celui-ci se justifiant par la défense des productions et des emplois nationaux des plus faibles).
Pour David Ricardo, l'échange est toujours positif entre deux pays, même si l'un est supérieur en tout à son concurrent. Chaque pays a intérêt à se spécialiser dans les produits pour lesquels il a un avantage comparatif (ceux dont les conditions de productions sont les plus favorables, ou les moins défavorables) et à importer les autres produits. Le commerce international est un jeu à somme positive qui profite à tous et favorise la croissance.
Cependant, ces théories présentent un certain nombre de limites. Tout d'abord, le processus de spécialisation est coûteux. De plus, toutes les spécialisations ne se valent pas : certaines peuvent engendrer des externalités et, des avantages durables si la demande est dynamique, alors que d'autres sont moins porteuses.
2. Comment caractériser l'évolution de la division internationale du travail ?
La division internationale du travail (DIT) désigne la répartition de la production mondiale de biens et de services entre les pays plus ou moins spécialisés. La DIT est en effet l'expression de la spécialisation des différents pays qui participent au commerce international. Selon les courants de pensée, l'accent est mis sur les avantages (optimum mondial, facteur de développement, etc.) ou sur les inconvénients (dépendance, échange inégal, etc.) de la DIT.
Jusqu'aux années 1970, la division internationale du travail s'articule autour d'un échange de type colonial, les pays développés important des matières premières en provenance des PED et exportant des produits manufacturés entre eux et vers les PED.
La crise des années 1970 révèle et accentue une nouvelle division internationale du travail : certains PED améliorent leur position d'exportateurs de matières premières (pétrole par exemple), d'autres percent comme exportateurs de produits manufacturés (NPI), tandis que les positions des pays développés (Japon, États-Unis, Europe) se hiérarchisent en fonction de leurs capacités à maîtriser les nouvelles technologies. Toutefois, nombre de PED sont toujours partie intégrante de l'ancienne division internationale du travail.
3. Quels sont les arguments du débat entre libre-échange et protectionnisme ?
Le libre-échange caractérise une situation où les échanges extérieurs d'un pays (exportations et importations) ne sont pas entravés, alors que le protectionnisme désigne une situation où un pays se protège de la concurrence étrangère en limitant ses importations.
L'argument théorique le plus important en faveur du libre-échange est la théorie des avantages comparatifs et ses prolongements : un système de libre-échange entre les nations, à travers la spécialisation de chacune, permet d'augmenter la croissance mondiale, et la richesse créée et d'apaiser les relations entre les nations. De plus, l'ouverture internationale augmente le degré de concurrence, ce qui oblige les producteurs à innover, à améliorer la qualité des produits et, à baisser les prix de vente. Par ailleurs, un système de libre-échange agrandit la taille des marchés et ouvre des débouchés, ce qui permet de réaliser des économies d’échelle.
Le système a cependant des limites : toutes les spécialisations ne se valent pas ; le surplus d'efficacité lié au libre-échange n'est pas toujours partagé équitablement entre les différents acteurs ; la concurrence, enfin, peut avoir des effets pervers si elle est imparfaite (que dire d'un commerce international qui met en concurrence les salaires donc les systèmes sociaux ?).
Face à ces limites s'élèvent les voix du protectionnisme, notamment celle de l'économiste allemand Friedrich List dès le xixe siècle. Friedrich List pense que l'ouverture des frontières favorise les pays qui ont une avance technologique sur les autres. Un protectionnisme ponctuel permettrait le développement des pays en retard : on parle de « protectionnisme éducateur » (pour éviter la destruction des industries naissantes par des firmes entreprises étrangères ayant une avance technologique). Il s'agit d'une protection temporaire, le temps que les industries nationales soient suffisamment fortes pour affronter la concurrence internationale. Ce principe a été à la base de la politique de croissance et de développement du Japon depuis l'après-guerre et a été un gage de sa réussite.
Mais le protectionnisme présente aussi des limites : si elles deviennent « définitives », les mesures protectionnistes telles que les droits de douane et, les contingentements, sont facteurs de hausse des prix et donc nuisent donc aux consommateurs. Enfin, le protectionnisme réduit le stimulant que représente la concurrence internationale.
La citation
« Dans un système d'entière liberté de commerce, chaque pays consacre son capital et son industrie à tel emploi qui lui paraît le plus utile. Les vues de l'intérêt individuel s'accordent parfaitement avec le bien universel de toute la société. » (David. Ricardo, Principes de l'économie politique et de l'impôt, 1817) |