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Intégration sociale et exclusion

L'émergence de la pauvreté et le développement de l'individualisme dans la société contemporaine conduisent à s'interroger sur la nature du lien social qui unit les citoyens. Les instances traditionnelles d'intégration que sont la famille ou l'école, sont-elles dépassées ? Comment se met en place le sentiment d'appartenance ? Le lien social est-il menacé ?

1. Quels sont les rapports entre intégration et socialisation ?
La cohésion sociale désigne ce qui cimente et assure l'unité d'un ensemble social, ce qui permet aux membres d'une société de coexister et de vivre ensemble.
L'intégration permet au lien social de se renforcer. Elle désigne le processus qui lie l'individu à des groupes sociaux et à la société, qui lui permet de se socialiser, de s'intégrer à la société et d'en tirer les éléments de son identité. L'intégration est ce qui donne une existence au groupe, au-delà de la simple juxtaposition d'individus isolés.
L’intégration passe par la socialisation : par ce mécanisme, les individus intériorisent les rapports sociaux, assimilent les valeurs, les normes et les croyances de la société. Cet apprentissage se déroule tout au long de la vie par l’intermédiaire de différents agents de socialisation (la famille, l'école, les groupes d'âge ou les relations professionnelles). Par exemple, le rôle de l'école excède largement la transmission de connaissances et l'apprentissage du savoir : l'enfant, puis l'adolescent, apprend des règles de conduite dans un groupe social élargi et prend conscience de la réalité complexe d'une collectivité. On distingue les agents primaires de socialisation (famille, école) des agents secondaires (entreprise, syndicat, association).

2. Quelles sont les différentes formes d'intégration et d'organisation sociale ?
La distinction classique en sociologie entre communauté et société consiste à opposer deux formes de lien social. Elle a été établie à partir du constat des transformations économiques et sociales de la fin du xixe siècle qui ont abouti aux sociétés industrielles.
La communauté désigne les sociétés anciennes ou traditionnelles. Elle est le résultat d'un agencement naturel des rapports sociaux. Les regroupements sont basés sur les liens de sang (la famille), la proximité (le voisinage) et l'appartenance religieuse. Les relations sociales sont définies par leur caractère affectif et spirituel, appuyées sur la grande proximité spatiale et sociale des individus. L'intérêt collectif prime sur l'intérêt individuel. Le rôle et le statut sont prescrits dès la naissance. Le sentiment d'appartenance dépasse le sentiment de différence. A contrario, la société est une organisation sociale réfléchie fondée sur des principes abstraits et a priori universels, que ce soit l'adhésion à un ensemble de valeurs formant un projet politique ou un calcul rationnel visant à satisfaire les intérêts particuliers. Les relations de type sociétaire induisent souvent des comportements individualistes et utilitaires, tempérés toutefois par le civisme (et le respect des lois égales pour tous) qui se distingue radicalement du sentiment d'appartenance et de l'empathie communautaire.
Le sociologue Émile Durkheim a approfondi cette différence en distinguant les sociétés à solidarité mécanique des sociétés à solidarité organique. La solidarité mécanique est une forme de lien social dans laquelle l'intégration des individus repose sur leur similitude, alors que la solidarité organique est une forme de lien social dans laquelle l'intégration des individus et la cohésion sociale reposent sur la complémentarité entre individus. Alors que les individus sont de plus en plus différents et s'émancipent de plus en plus, la division du travail permet de les rendre complémentaires, interdépendants, tous indispensables au fonctionnement de la société, ce qui consolide la cohésion sociale.

3. En quoi le lien social peut-il être mis en question aujourd'hui ?
L'affaiblissement des instances traditionnelles d'intégration a des conséquences néfastes sur la cohésion sociale. Ainsi, depuis quelques décennies, les fondements du lien social sont mis à mal, laissant apparaître de multiples phénomènes d'exclusion sociale (mise à l'écart, marginalisation des individus qui ne sont plus reconnus dans un groupe donné). Le sociologue français Robert Castel parle de « désaffiliation » pour désigner la double rupture d'intégration dont un individu peut être victime : celle relative à la perte d'emploi et celle relative à l'appauvrissement de la sociabilité socio-familiale.
De son côté, le sociologue Serge Paugam parle de disqualification sociale pour rendre compte du processus d'entrée dans une situation de pauvreté. Celui-ci comporte trois phases : la première est une phase de fragilisation, la deuxième correspond à une dépendance vis-à-vis des travailleurs sociaux, la troisième à la rupture des liens sociaux. L'exclusion sociale apparaît donc comme un processus ayant plusieurs causes, qui cumulent leurs effets.
Le délitement du lien social se manifeste par l'émergence de divers dysfonctionnements. Outre l'accroissement de la pauvreté, certains phénomènes de délinquance (crimes, vols, violences urbaines) sont en constante augmentation depuis les années 1960, le taux de suicide des jeunes a doublé depuis 1975, le nombre de toxicomanes est en croissance régulière. Ainsi, de manière globale, les signes d'anomie (absence de « freins moraux », non respect des règles sociales) semblent progresser.

À retenir

La citation
« La prépondérance de la production a pour effet que les liens familiaux et sociaux sont étroitement liés à la position de l'individu par rapport au marché du travail et au système de protection sociale.  » (Dominique Schnapper, l'Exclusion : l'état des savoirs, dir. Serge Paugam, 1996)

 

Prof.: Tchamgoue Buttinol Pierre   - Thomasta.com -  Contactez-nous