Institut THOMASTA : Quelles seront les nouvelles technologies  de demain ?

  | Contactez-nous

 

Conflits et mobilisation sociale

Le conflit est-il nécessairement le signe d'une société qui va mal ? La capacité à se mobiliser collectivement ne peut-elle être également un signe de cohésion sociale ? Agent de changement, dans certains cas, source de blocage, dans d'autres, le confit social constitue aussi un indicateur des évolutions de la société (désyndicalisation, « moyennisation » de la société, émergence des « nouveaux mouvements sociaux » qui n'ont plus nécessairement trait au travail et nouvelles formes d'action).

1. Est-il pertinent de parler de classes sociales aujourd'hui ?
Les classes sociales désignent des groupes sociaux de taille importante, nés de la division sociale du travail, des inégalités de conditions d'existence et des relations de pouvoir. Ces groupes ont une existence de fait et non de droit. L'analyse en termes de classes sociales est largement l'œuvre de Karl Marx (1818-1883).
Selon lui, la division de la société en classes résulte des « rapports sociaux de production ». Placés sous le signe de l'exploitation et de la domination, ces rapports engendrent des antagonismes fondamentaux entre les groupes qui en sont partie prenante (capital et travail, dans le mode de production capitaliste). Si la sphère de la production est le fondement de la structure sociale, l'existence d'une classe présuppose la « conscience de classe » : conscience des intérêts communs des membres de la classe, sentiment d'appartenance et solidarité qui débouchent sur l'action collective. Ainsi, « l'histoire de toute société n'est que l'histoire de la lutte des classes », et les classes sociales sont les acteurs essentiels du changement social dans les sociétés capitalistes du XIXe siècle que décrit Karl Marx.
Cependant, l'analyse en termes de classes sociales évolue en fonction des changements sociaux que connaissent les sociétés modernes (érosion de la classe paysanne, décomposition de la classe ouvrière, constitution d'une vaste classe moyenne, affaiblissement des identités de classe, renforcement des identités ethniques, extension du salariat, développement de nouvelles technologies et du secteur tertiaire), ce qui conduit à repenser les divisions de classes, leurs définitions et leurs relations.

2. Quels sont les facteurs et les effets de la désyndicalisation ?
La progression du mouvement syndical dès la fin du xixe siècle a été à l'origine de progrès sociaux importants (amélioration des conditions de travail, augmentation du niveau de vie, diminution du temps de travail, etc.) et a permis une régulation institutionnalisée des conflits du travail. Cependant, si le taux de syndicalisation (part des salariés syndiqués) s'élevait à plus de 40 % en 1949, il ne représente que 8 % des salariés en 1997-2003, alors que parallèlement, les syndicats perdent de leur audience aux élections professionnelles.
Les causes de cette crise sont multiples : facteurs économiques (montée du chômage, mutations de l'appareil productif, déclin des industries traditionnelles à forte représentation syndicale et tertiairisation de l'économie), politiques (recul de l'audience du PCF, tendance au désengagement de l'État, montée de l'individualisme, disparition des grandes utopies politiques) et sociaux (éclatement du monde ouvrier, montée de nouvelles couches salariées à faible tradition syndicale, décentralisation des négociations).
Cette crise du syndicalisme pose la question de la dérégulation des relations de travail (une plus grande flexibilité du travail, une multiplication des conflits localisés). L'enjeu réside alors pour les syndicats dans la capacité à renouveler leur rôle, à s'adapter aux nouvelles couches salariées et à inventer de nouvelles formes de syndicalisme.

3. Les conflits du travail ont-ils disparu ?
Depuis les années 1970, le nombre de conflits du travail connaît un recul massif. Entre 1986 et 1999, par exemple, le nombre de journées individuelles non travaillées a été divisé par deux (malgré le pic de 1995). Cette évolution a plusieurs explications : le nombre d'accords d'entreprises a été multiplié par 7 entre 1986 et 1999. Sur le long terme, les mouvements sociaux ont induit une évolution du droit du travail et permis la mise en place d’instances d'expression des salariés (prévention des conflits dans l'entreprise). Enfin, on note le recul du sentiment d'appartenance à une classe et une tendance à l'individualisation (transformation du travail ouvrier : enrichissement des tâches, participation, nouvelles organisations du marché du travail ; diffusion des valeurs et des pratiques des classes moyennes).
Malgré ces évolutions, les conflits du travail n'ont pas disparu pour autant. Moins fréquents, ils sont souvent plus durs (hausse du nombre de jours de grèves, débrayages plus systématiques). Les formes et les buts de l'action se renouvellent : médiatisation, boycott, menaces de sabotage, etc. Désormais, les conflits engagent donc non seulement les armes traditionnelles des mobilisations (grèves, manifestations), mais aussi les armes juridiques, symboliques et médiatiques.

4. Que désigne-t-on par l'expression « nouveaux mouvements sociaux » ?
Un mouvement social désigne toute action collective d'un groupe visant à changer les comportements, les mentalités et les institutions. Le thème des nouveaux mouvements sociaux apparaît au milieu des années  1960 : le mouvement ouvrier n'occupe plus une position centrale et ses conflits ne divisent plus l'ensemble de la société. Les conflits sociaux opposaient jusqu'alors le travail au capital, et reposaient sur la place occupée dans le processus de production.
Les nouveaux mouvements sociaux quittent l'entreprise et se diffusent dans la société toute entière. Désormais, il s'agit de lutter davantage contre une forme de domination que contre une forme d'exploitation. Le mouvement féministe, les mouvements régionalistes et le mouvement écologiste sont ainsi des exemples de nouveaux mouvements sociaux.

 

Prof.: Tchamgoue Buttinol Pierre   - Thomasta.com -  Contactez-nous