Caractéristiques et conséquences de la mondialisation
La mondialisation se caractérise par un triple processus. Le premier concerne l'internationalisation des échanges, c'est-à-dire le développement des flux d'exportation de biens et de services. Le deuxième correspond à l'internationalisation de la production, qui résulte de l'accroissement des flux d'investissement et de la multiplication des implantations à l'étranger. Enfin, le troisième concerne la globalisation, c'est-à-dire le développement des mouvements de capitaux à l'échelle mondiale et la mise en place de réseaux mondiaux d'information.
1. Qui sont les acteurs de la mondialisation ?
La mondialisation concerne à la fois les États et les entreprises transnationales (contrôle de l'exploitation des matières premières, recherche des débouchés externes par les exportations et les filiales à l'étranger, délocalisation pour bénéficier de coûts de production moindres). Les firmes entreprises transnationales mettent donc en concurrence les territoires et les États, ce afin de renforcer leur compétitivité dans un contexte de compétition accru.
Née en 1995 en remplacement du GATT, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) organise la négociation d'accords commerciaux internationaux, pour avec pour objectif de réguler ces rivalités.
2. L'ouverture internationale est-elle bénéfique à tous ?
Pour les libéraux, tous les pays retirent un gain de l'échange s'il existe des différences entre eux (principe des avantages comparatifs de David Ricardo). De plus, le commerce international va tendre à transmettre la croissance des pays développés à économie de marché (PDEM) vers les pays en voie de développement (PVD) à travers trois canaux :
- par le mouvement des marchandises : les PDEM qui ont les plus forts taux de croissance vont accroître leurs importations en provenance des PVD, qui vont par voie de conséquence augmenter leurs exportations ;
- par les prix : la croissance de la productivité des PDEM entraîne une diminution des coûts de production et des prix ;. les PVD bénéficient en retour d’importations moins chères ;
- par les mouvements de capitaux : l’épargne abondante dans les PDEM se dirige vers les PVD, où les taux de profit potentiels sont élevés.
Deux courants s'opposent à cette analyse :
→ Le courant structuraliste analyse les structures du sous-développement qui bloquent la croissance : historiquement spécialisés dans les produits primaires, les PVD n'ont longtemps été que des marchés pour les pays développés ; ils ne pouvaient produire eux-mêmes leurs biens de production ; leurs investissements dépendaient de leurs recettes extérieures, donc de la conjoncture des pays riches. Les pays pauvres n'ont donc pas réellement gagné aux échanges (détérioration de leurs termes de l’échange).
→ Pour le courant tiers-mondiste, influencé par le marxisme, l'ouverture aux échanges internationaux est la cause principale du sous-développement. L'échange est inégal : les PDEM exploitent les PVD.
3. Quel est le rôle des échanges internationaux dans le processus de croissance et développement ?
Au cours des années 1960-1970, les pays en développement (PED) ont suivi plusieurs modèles de développement :
- les stratégies autocentrées, qui avaient pour objectif de permettre l'autonomie et l'indépendance des États en s'appuyant sur le marché intérieur et les ressources du pays ;
- les stratégies d'insertion dans le commerce mondial (ou stratégies extraverties), qui s'appuyaient sur les théories du libre-échange en cherchant à profiter des avantages comparatifs dans le cadre de la division internationale du travail.
Au final, l'ouverture internationale a été plus profitable que les stratégies autocentrées (certains pays, comme la Corée du Sud, ont pu rejoindre le niveau de vie des pays occidentaux). Ce raisonnement doit être cependant nuancé : les stratégies de développement qui ont réussi ont combiné intervention de l'État, protectionnisme et insertion dans le commerce mondial. Cette insertion, par ailleurs, s'est souvent faite grâce à u endettement dont ces pays paient aujourd'hui le prix. Enfin, leur place dans la division internationale du travail repose encore sur des phénomènes de dépendance.
4. La mondialisation implique-t-elle une uniformisation des comportements ?
L'intensification de la mondialisation et la diffusion à l'échelle de la planète des biens et des services aboutissent à un processus d'acculturation, c'est-à-dire à un processus qui met en contact des modèles culturels différents. Le résultat de cette rencontre entre les cultures n'est pas univoque.
L'intégration internationale peut tout autant déterminer des tendances à l'uniformisation à travers la diffusion de modèles culturels dominants (présence dans toutes les grandes villes du monde des centres commerciaux, des architectures modernes, des produits de consommation passe-partout, des mêmes musiques et modes vestimentaires) que constituer un facteur de différenciation (une enquête sur les pratiques alimentaires des jeunes Français montre toutefois que la déstructuration des repas et des habitudes alimentaires n'est pas à l'ordre du jour).
La citation
« Si les styles de vie sont mondialisables, les vies ne le sont pas aussi aisément. Un style de vie ne remplace pas une vie. Ce n'est pas parce que l'on boit du Coca-Cola, que l'on porte des jeans et que l'on mage chez Mc Donald's que l'on s'américanise, même si beaucoup de gens semblent assimiler styles de vie et vie, en raison précisément de la place prise par la consommation dans l'imaginaire social. » (Zaki Laïdi, Malaises dans la mondialisation, conversation avec Philippe Petit, « Textuel », Diffusion Le Seuil, 1997)
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