Transsexualisme
transsexualisme, phénomène conduisant un individu d’un
sexe déterminé à un désir irrépressible de changer de sexe, et correspondant à
un sentiment intime et authentique d’appartenir au sexe opposé.
Le transsexualisme, qui ne constitue ni une
perversion sexuelle ni une psychose, est un trouble de l’identité de genre dont,
en l’état actuel de la recherche, on ne connaît pas l’origine avec certitude,
qu’elle soit exclusivement organique ou psychologique, ou qu’elle combine les
deux aspects. Ce phénomène se distingue non seulement de l’homosexualité, dans
la mesure où, contrairement aux homosexuels, les transsexuels contestent leur
sexe anatomique, mais également du travestisme, car le travestissement qui
accompagne fréquemment la transsexualité ne présente aucun caractère érotique ou
fétichiste. Enfin, le transsexualisme doit être distingué de l’hermaphrodisme,
puisque les sujets qui en sont atteints ne présentent pas d’anomalie
chromosomique.
Longtemps confondu avec
l’homosexualité dans les écrits médicaux, et
à ce titre impossible à identifier en tant que tel parmi
tous les états intersexuels cités dans l’Histoire,
le transsexualisme ne commença à être
étudié de façon spécifique
qu’à partir des années 1950, tant aux
États-Unis qu’en France, notamment par
D. O. Cauldwell, Harry Benjamin, Robert Stoller, Jean-Marc
Alby, Marc Macoletti ou Jacques Breton, dont les travaux permirent
d’appréhender ce phénomène statistiquement
très rare.
L’étude de cette affection a rendu possible la
définition de critères (psychologiques, endocrinologiques et génétiques)
permettant de poser un diagnostic de transsexualisme, qui débouche sur une
véritable prise en charge médicale, remboursée par la Sécurité sociale. Celle-ci
présente l’avantage de préserver les personnes concernées des risques liés aux
opérations clandestines ou effectuées à l’étranger ; elle permet également
d’identifier les demandes d’opération exprimées sous l’empire de l’aliénation
mentale, dans un contexte où la publicité donnée à certains cas à tendance à
accroître les demandes d’intervention chirurgicale.
Les solutions thérapeutiques passent par la
prescription d’hormones sexuelles qui ont pour effet de modifier la morphologie
et la voix. Très souvent, elle s’accompagne d’une prise en charge
psychothérapique ou psychanalytique permettant de favoriser une meilleure
intégration sociale. Les opérations chirurgicales permettent de modifier
l’apparence des organes génitaux et des seins.
La définition d’un véritable diagnostic
différencié et l’information du Conseil de l’ordre des médecins avant chaque
intervention permettent de promouvoir une véritable transparence et de protéger
les chirurgiens pratiquant les opérations de changement de sexe de l’application
des peines prévues par le Code pénal en cas de mutilation volontaire sur autrui,
qualification qui s’applique à la castration.
Le transsexualisme soulève de nombreux
problèmes juridiques, qu’il s’agisse du respect de l’intégrité physique et de la
vie privée, de l’indisponibilité du corps humain, des questions liées à l’état
civil. Cette situation à conduit le Conseil d’État, dans un rapport publié en
1988, à recommander de ne pas intervenir par voie législative. En conséquence,
le droit des transsexuels est issu de la jurisprudence qui a permis de dégager
un ensemble de solutions permettant de faire face à ces questions non résolues
en droit.
Aujourd’hui, la légalité des opérations
chirurgicales de conversion sexuelle n’est pas réglementée, et les tribunaux
font la distinction selon que l’opération était guidée par des motifs
thérapeutiques ou non. Dans le premier cas, l’opération est licite, alors que
dans le second, la jurisprudence offre des exemples de médecins condamnés
pénalement pour mutilation sur la personne d’autrui.
La principale question est celle des demandes
de changement d’état civil émanant de personnes ayant subi une conversion
sexuelle. Les tribunaux se sont longtemps refusé à autoriser ce changement,
mais, sous l’influence de plusieurs arrêts de la Cour européenne des droits de
l’homme rendus en 1986 et 1990, la Cour de cassation a infléchi sa
jurisprudence, constante depuis 1975, en admettant, dans un arrêt rendu en 1992,
la légalité d’un changement d’état civil. Elle a ainsi fait application du
principe du respect de la vie privée justifiant que l’état civil concorde avec
le sexe dont on a l’apparence.
L’autre problème juridique de taille
concernant le transsexualisme est celui du mariage, étant donné que le droit
français subordonne la validité du mariage à la différence de sexe existant
entre les époux. Selon les tribunaux français, seule l’acceptation préalable du
changement d’état civil d’un transsexuel rend possible une célébration, ce qui
risque, dans certains cas, de poser le problème d’action en nullité du mariage
si le conjoint ignorait au moment du mariage l’état physique de celui ou celle
qu’il épousait. Dans ce cas, il est en droit d’agir en nullité en évoquant
l’erreur sur les qualités substantielles (le sexe) de son conjoint.
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