Nationalité
nationalité, lien juridique déterminant l'appartenance
d'un individu à un État.
On distingue la nationalité d'origine de la
nationalité d'acquisition. La nationalité d’origine d’un individu est celle qui
lui est attribuée d’office par un État ; elle peut découler soit des liens du
sang (jus sanguini), parce que l’un de ses parents au moins a la
nationalité de cet État, soit des liens du sol (jus soli), parce qu’il
est né sur le territoire de cet État. La nationalité d'acquisition est celle
qu'un individu peut obtenir après la naissance, à la suite d'une naturalisation
ou d'un mariage, par exemple.
Chaque État établit des règles de la
nationalité, en fonction de son histoire, de sa tradition et de ses liens avec
d'autres États. La législation française actuelle est le résultat d’une lente
évolution historique, liée aux intérêts démographiques, économiques et
politiques de la nation française.
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L’ÉVOLUTION HISTORIQUE DU DROIT FRANÇAIS
DE LA NATIONALITÉ |
Le droit de la nationalité française se
caractérise par la combinaison du droit du sang (naître d’un parent de
nationalité française) et du droit du sol (naître sur le territoire français).
Cette tradition, qui remonte à l’Ancien Régime, évolue avec la Révolution, qui
étend largement la place accordée au droit du sol au détriment de la filiation :
l’appartenance à la nation française est conçue comme un acte volontaire, et le
fait de résider sur le territoire français et de prêter serment peut suffire à
octroyer le statut de citoyen.
Le Code Napoléon de 1804 accorde en revanche
une primauté au droit du sang, qui permet à l'enfant né d'un père français
d'avoir la nationalité française à la naissance, même si l'enfant est né hors
des frontières hexagonales (contrairement au droit révolutionnaire, cette
législation favorise les enfants des Français qui ont émigré pour fuir la
Révolution). Le droit du sol est plus restrictif, et l'enfant né en France de
père étranger ne bénéficie pas de la nationalité française ; il peut toutefois
l'acquérir par un acte volontaire auprès des services administratifs compétents
dans l'année qui suit immédiatement sa majorité, et à la condition qu'il décide
de résider de manière permanente en France.
À partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, le droit du sol
est progressivement réhabilité, et les conditions d’accès à la nationalité
française sont facilitées. La règle du double droit du sol (toujours en vigueur
aujourd’hui) est ainsi établie en 1851 : est Français l’enfant né en France d’un
parent étranger qui y est lui-même né. Il s’agit alors essentiellement de
répondre aux préoccupations démographiques (en particulier aux besoins de
recrutement de l’armée) : la France, affaiblie par les guerres, doit être
repeuplée. L’assimilation des étrangers au sein de la nationalité française vise
aussi à éviter que ne se forment des minorités étrangères pouvant menacer
l’unité du pays.
La chute de la démographie après la Première
Guerre mondiale conduit le législateur à élargir encore davantage les conditions
d’accès à la nationalité française. À partir de 1927, une loi dispose que les
enfants nés d'une mère française et d'un père étranger sont français et facilite
les conditions d'obtention de la naturalisation en réduisant à trois ans
seulement le nombre d'années de résidence en France.
Ces lois sont reprises au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale par l'ordonnance du 19 octobre 1945, qui promulgue le
Code de la nationalité. En vigueur encore aujourd’hui, cette ordonnance établit
un compromis équilibré entre le droit du sol et le droit du sang. Elle a subi
toutefois des réformes successives (en 1973, 1984, 1993 et 1998). Parmi ces
modifications, la loi adoptée en 1973 tente d'aménager le problème de la
nationalité des ressortissants des anciennes colonies françaises, et en
particulier les règles de nationalité des Algériens anciens combattants. La
réforme de 1993, corrigée par la loi de 1998, marque une profonde rupture dans
le sens d’un durcissement des conditions d’acquisition de la nationalité
française.
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LE DROIT DU SOL CONTESTÉ ET
RESTAURÉ |
À partir de la fin des
années 1980, les conditions d’accès à la
nationalité française font l’objet d’un
débat politique. Ce débat voit s’affronter deux
conceptions : celle qui défend la traditionnelle souplesse
dans les conditions d’accès à la nationalité
française, afin de faciliter l’intégration des
étrangers ; et celle qui préconise au contraire leur
durcissement, afin de donner plus de sens à la
nationalité française et à l’identité
nationale, perçue comme en perte de vitesse. Ce débat
s’inscrit dans une période d’incertitude
économique, qui tend à faire de l’immigration une
menace pour la France.
Dans ce contexte, la loi de 1993 (adoptée sous
le gouvernement d’Édouard Balladur) introduit trois restrictions majeures. Tout
d'abord, les enfants nés en France de parents étrangers qui ne sont pas nés en
France ne bénéficient plus automatiquement de la nationalité française à leur
majorité, comme c'était le cas auparavant : la loi de 1993 oblige ces enfants à
effectuer une démarche volontaire auprès des pouvoirs publics en demandant
officiellement la nationalité française entre 16 et 21 ans. Par ailleurs, les
parents non français ayant eu des enfants nés en France n'ont plus le droit
d'acquérir la nationalité française pour leurs enfants mineurs comme c'était le
cas sous l'empire du droit antérieur. Enfin, la loi de 1993 supprime
l’application du double droit du sol pour les ressortissants des anciens
territoires français.
Ces restrictions sont en partie abrogées par
le gouvernement de Lionel Jospin et la loi du 16 mars 1998. Notamment, le retour
au droit du sol se manifeste par le rétablissement du caractère automatique de
l’acquisition de la nationalité française à 18 ans pour un enfant né en France
de parents étrangers.
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LES CONDITIONS ACTUELLES RÉGISSANT LA
NATIONALITÉ |
4.1 |
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La nationalité
d’origine |
Un enfant naît avec la nationalité française
de deux manières possibles : soit par la filiation (l’un de ses parents au moins
est français) — cette règle s’étend aux enfants ayant fait l’objet d’une
adoption plénière —, soit par le double droit du sol (il est né en France d’un
parent étranger qui y est né aussi). Concernant les enfants des ressortissants
des pays anciennement sous autorité française, la règle du double droit du sol
ne s’applique désormais plus qu’aux enfants d’Algériens.
4.2 |
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La nationalité acquise après la
naissance |
Il existe trois possibilités principales
pour acquérir la nationalité française : le droit du sol, le mariage et la
naturalisation.
4.2.1 |
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L’acquisition par le droit du
sol |
Un enfant né en France
de parents étrangers résidant en France devient
automatiquement français à sa majorité. Pour cela,
il faut qu’il remplisse des conditions de résidence,
c’est-à-dire qu’il ait résidé
régulièrement sur le territoire français pendant
au moins cinq ans depuis l’âge de 11 ans. S’il
en manifeste la volonté, il peut même anticiper son
accession à la nationalité française dès
16 ans, par simple déclaration et sans que
l’autorisation de ses parents ne soit nécessaire. Ses
parents peuvent réclamer pour lui la nationalité
française dès l’âge de 13 ans s’il
réside en France depuis l’âge de 8 ans.
Le jeune peut décliner la nationalité
française dans un délai de six mois avant sa majorité et un an après sa
majorité.
4.2.2 |
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L’acquisition par le
mariage |
Les personnes étrangères épousant un
Français peuvent acquérir la nationalité française de droit après un an de vie
commune (ce délai était de deux ans selon la loi de 1993 et de six mois dans la
législation antérieure à 1993).
4.2.3 |
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L’acquisition par la
naturalisation |
Un étranger peut demander
à devenir français à condition de résider
en France depuis plus de cinq ans, de maîtriser la langue
française, d’être de « bonnes vie et
mœurs » et de ne pas avoir été
condamné à une peine de prison d’au moins six mois
ferme. La naturalisation est une faveur que l’État
français peut accorder (par décret) ou refuser.
Aujourd'hui, environ 150 000 étrangers
acquièrent la nationalité française chaque année.
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