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La Bible

La Bible n'est pas « un » livre : elle regroupe en réalité un ensemble de livres dont la rédaction s'étend sur plus d'un millénaire. Pour les croyants, juifs ou chrétiens, c'est un livre saint, qui contient la parole de Dieu. Pour tous les hommes, elle est le témoin de l'histoire et de la culture de plusieurs époques et a contribué à construire la civilisation occidentale.

Comment se repérer dans ce vaste texte fondateur ?

1. Une collection de livres

Le mot bible vient du grec biblion (livre). La Bible se présentait d'abord sous la forme d'un rouleau qui servait à la lecture publique dans la synagogue. Mais les chrétiens lui ont donné très tôt la forme d'un cahier à pages. Elle est ainsi devenue le modèle du livre.

1.1 La Bible hébraïque

La Bible hébraïque rassemble un ensemble de textes qui constituent la mémoire du peuple juif. Elle comprend trois parties : les livres de la Loi (la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres, le Deutéronome), les livres des Prophètes et treize écrits (les Psaumes, les Chroniques, les Proverbes, etc.).

1.2. La Bible chrétienne

La Bible chrétienne se divise en deux parties : l'Ancien Testament, qui comprend les livres qui précèdent la venue du Christ, et le Nouveau Testament (testament, à l'origine, signifie « alliance »).

L'Ancien Testament rassemble les mêmes livres que la Bible hébraïque, mais les classe différemment. Toutefois, contrairement aux protestants (qui n'y ajoutent que deux autres livres), les catholiques y ajoutent sept autres livres, ce qui en fait au total quarante-six.

Le Nouveau Testament comprend vingt-sept livres écrits après la venue du Christ, de l'an 45 à 100 de notre ère :

— Les quatre Évangiles (Matthieu, Marc, Luc et Jean) rapportent des témoignages sur la vie, les actes et les paroles de Jésus-Christ. Tout en se ressemblant, ces Évangiles (le mot signifie « bonne nouvelle ») ont chacun leur caractère propre.

— Un livre historique, les Actes des Apôtres. Écrit entre 75 et 80, probablement par Luc, il montre les douze apôtres qui accompagnaient Jésus, puis leurs disciples, faisant connaître à leur tour la « bonne nouvelle » dans le monde gréco-romain et contribuant à fonder l'Église chrétienne.

— Les Épîtres. Les plus nombreuses sont celles de Paul, qui s'adresse à des communautés lointaines pour les aider à s'organiser et leur enseigner la doctrine chrétienne.

— L'Apocalypse, attribué à Jean. C'est le dernier livre de la Bible. Sous forme de visions, il annonce la fin des temps et apporte un message d'espoir.

Les textes bibliques sont considérés par les juifs et par les chrétiens comme des textes saints ou sacrés, faisant autorité dans le domaine de la religion. C'est pourquoi on parle d'Écriture sainte.

2. L'histoire

La Bible évoque l'histoire des Hébreux, un peuple proche-oriental, qui apparaît dans l'histoire vers le milieu du IIe millénaire av. J.-C. Leur grand ancêtre (qui est aussi celui des Arabes) est le patriarche Abraham.

2.1. Les patriarches

Abraham et sa tribu sont des nomades, éleveurs de petit bétail ou marchands. Ils quittent la ville d'Ur, en Mésopotamie, pour suivre les voies de communication qui conduisent aux marchés et aux sanctuaires du Croissant fertile. Ils s'établissent en terre de Canaan, zone de passage et terre riche, très convoitée. Ils vivent dans un environnement polythéiste, mais ils reconnaissent un dieu particulier et c'est avec ce dieu qu'Abraham conclut une alliance, qui fait de lui et de ses descendants le « peuple élu ».

2.2. L'exode

Les descendants d'Abraham émigrent en Égypte, où ils sont retenus en esclavage, jusqu'aux environs de 1200 av. J.-C. Ils s'enfuient alors sous la conduite de Moïse : c'est l'exode. Sur le chemin du retour, Dieu dicte à Moïse les lois (les Dix Commandements ou le Décalogue) qui seront la base de leur religion monothéiste.

2.3. Les rois

De l'association des douze tribus, revenues à Canaan (la « Terre promise »), naît le royaume d'Israël, dont la capitale est Jérusalem. Ce royaume connaît de grands rois : Saül, David (v.  10010-1v.  970 av. J.-C.), Salomon (v.  970 -931 av. J.-C.). Mais après la mort de Salomon, l'unité des douze tribus éclate et le royaume se divise en deux : Israël, au nord, la Judée, au sud.

Ce sera bientôt la décadence et la fin du royaume d'Israël. À la mort du roi Josias, le royaume de Judée est écrasé par le roi de Babylone, Nabuchodonosor. Jérusalem est prise (587 av. J.-C.), le Temple détruit.

Les Hébreux sont déportés : ces exilés, qui conservent leur culture et leur religion, fonderont la première communauté juive orientale. Une minorité seulement reviendra en Judée. Elle y forme une communauté organisée, qui suit les préceptes de la Loi religieuse et reconstruit le Temple sacré.

2.4. L'hellénisation

Après la mort d'Alexandre le Grand (3232 av. J.-C.), la Palestine est prise entre les deux royaumes de ses successeurs. La culture et la langue grecques s'y développent. De nombreux Juifs émigrent en Égypte, à Alexandrie, en Asie Mineure, dans les îles grecques, etc. C'est ce que l'on appelle la diaspora, mot qui signifie « dispersion ».

2.5. La domination romaine

Les Juifs se révoltent contre les Séleucides sous la conduite de Juda, surnommé Maccabée. Ses successeurs sont soutenus par les Romains, qui, à partir de 65  av.  J.-C., dominent directement la Palestine. En 40 av. J.-C., Hérode est nommé roi des Juifs, et pendant trente ans, est allié des Romains. À sa mort, le royaume est partagé entre ses fils, Hérode Antipas recevant la Galilée.

2.6. La fondation du christianisme

C'est en Galilée que naît et grandit Jésus de Nazareth, non pas en l'an 0 de notre ère, comme on pourrait le croire, mais quelques années avant. Entouré d'un groupe de disciples, il va, prêchant, de ville en ville. En Judée, il est considéré comme un agitateur politique, et le gouverneur Ponce-Pilate prononce la sentence qui le fait crucifier en 30 ou 33. Sa mort marque l'essor du christianisme, que ses disciples vont répandre parmi les Juifs et les non-Juifs, non seulement en Palestine, mais en Asie Mineure, en Grèce , et bientôt à Rome.

3. Les langues

La langue originale de l'Ancien Testament est l'hébreu, à l'exception de certains passages, rédigés en araméen. L'araméen était en quelque sorte la langue internationale du Moyen-Orient, utilisée dans les affaires et dans la diplomatie. Les Hébreux, petit à petit, durent l'utiliser.

Le Nouveau Testament, en revanche, est écrit en grande partie en grec, mais le Christ, qui en est le centre, parlait le galiléen, qui est un dialecte de l'araméen.

4. Quelques grandes figures

4.1. Dieu ou Yahvé

On ne le voit jamais mais on l'entend. Il parle aux hommes qu'il a choisis et avec lesquels il a conclu une alliance : Abraham, Moïse, Job, etc. Il est parfois représenté par un prophète, un ange ou un buisson de feu.… Il conseille, punit, récompense.

4.2. Les personnages mythiques

Adam et Ève, par exemple, ne sont pas des personnages historiques. Ce sont les acteurs d'une histoire qui retrace la création du monde et les débuts de l'humanité. On peut aussi citer leurs deux fils, Abel et Caïn, mais aussi Job, ou encore Noé.

4.3. Les personnages légendaires

Leur existence est attestée, mais il est souvent difficile de démêler la légende et le fait historique.

Les patriarches : le plus ancien est Abraham, chef de tribu, pasteur nomade ou caravanier. On suit ses pérégrinations avec sa famille et ses descendants Isaac, Jacob, etc.

Les rois : David, un simple berger chef de bande à l'origine, fait d'Israël un vaste et puissant royaume. Chef militaire et grand politique, il est aussi poète et passe pour avoir composé une partie des Psaumes. Salomon est célèbre par sa sagesse. C'est aussi un roi bâtisseur, qui fait construire, à Jérusalem, le Temple et le Palais royal.

Les prophètes : dans l'Antiquité, le prophète a un pouvoir sacré. Il est le porte-parole de la divinité et agit comme intermédiaire ou médiateur entre les dieux et les hommes. Dans la Bible, les prophètes profèrent des oracles politiques et religieux, s'adressant au peuple d'Israël au nom de Yahvé. Citons parmi eux Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et enfin Daniel.

5. Les aspects littéraires

5.1. Divers types de texte

La Bible ne constitue pas un récit chronologique mais un recueil de textes, transformés et transmis au cours des siècles par des conteurs, des écrivains et des chefs religieux.

Ces textes offrent une grande variété de formes.

Ce sont souvent des textes narratifs : récits mythiques (la création du monde, dans la Genèse) ou historiques (la révolte des Maccabées) ; qui peuvent s'apparenter à l'épopée (Moïse faisant sortir les Hébreux d'Égypte et échappant par miracle aux armées de Pharaon).

Les paraboles sont également très présentes dans les Évangiles : paraboles du semeur (Mathieu, 13-18), du fils prodigue (Luc, 15-11)… Il faut enfin évoquer les prophéties (celles de Jérémie, d'Ézéchiel, de Daniel, dans l'Ancien Testament et l'Apocalyse de Jean, dans le Nouveau Testament).

Ce peuvent être également des textes injonctifs ou argumentatifs : des commandements (« Tu ne tueras point », dans le Décalogue, ou « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », dans l'Évangile selon saint Matthieu), des préceptes sous forme de maximes et de sentences (dans l'Ecclésiastique), ou des lettres destinées à guider les croyants (dans les Épîtres de Paul).

5.2. Un texte poétique

La Bible comprend aussi de longs poèmes : le livre de Job, les Psaumes, le Cantique des cantiques. Ce dernier est un recueil de poèmes d'amour, dans lequel la tradition voit en fait un dialogue entre Dieu et son peuple :

« Qui est celle qui apparaît comme l'aurore,

Belle comme la lune, pure comme le soleil,

Mais terrible comme des troupes derrière leurs bannières ? »

Cependant la poésie de la Bible ne se limite pas à la présence de ces grands poèmes. Elle surgit à tout moment dans le texte, grâce aux éléments symboliques (la colombe tenant un rameau d'olivier et revenant vers Noé, après le déluge, signe du renouveau terrestre…), grâce à l'utilisation de multiples comparaisons (« Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme des serpents, et simples comme les colombes. » Évangile selon saint Matthieu, 10-16) et au recours fréquent à la parabole.
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